La fille à un million de dollars (2004)
Par Pierre-Luc Gagnon • 10 mars 2007 à 1:38Le meilleur de film 2005 aux Oscars. Non, je ne l’avais pas encore vu. Mais j’y ai remédié au cours des 132 dernières minutes. Et ce fut un bon moment. En alliant des acteurs de la trempe d’Hilary Swank, Clint Eastwood et Morgan Freeman sur un même ring, on ne peut que frapper fort et dans le mille. Toutefois, je n’ai pas eu l’impression d’assister à une grande page de l’histoire du cinéma.
Ce qui m’a déplu, ou plutôt déçu dans ce film, c’est le manque d’audace. On nous livre la bonne vieille formule. Frankie Dunn (Eastwood) ne veut pas entraîner Maggie (Swank) puisque c’est une fille. Évidemment, la persévérance de celle-ci finira par le convaincre. Et on s’en doute, elle triomphera tôt ou tard. C’est le fameux modèle du personnage qui se trouve un mentor qui l’entraînera rudement. On a déjà vu ça dans Kill Bill, Le Comte de Monte Cristo et dans bien d’autres films. Même dans des films aussi simples que Karaté Kid. Mais dans La fille à un million de dollars, la formule est simplement mieux utilisée, moins superflue.
Ce qui soude le scénario, c’est le côté humain de Scrap (Freeman est toujours humain dans tous ses films), le côté fonceur de Maggie et le calme pragmatique de Frankie. Aussi, on réussit brillamment à nous faire sentir que la jeune fonceuse est inébranlable. Elle ne s’en laisse pas imposer la petite, ni dans l’arène, ni dans sa vie. Et son entraîneur nous est présenté comme un homme de métier expérimenté, un soigneur aux mille secrets, un gérant qui surprotecteur qui n’aime pas les risques. À mesure que les images déroulent, les héros créent un cercle de relation réellement prenant qui oblige l’implication émotionnelle du spectateur. Et c’est là que le film réussit. Non seulement on nous largue l’histoire d’une autre championne, mais on le fait avec le souci du fond et de la forme. On est loin de l’insipide Rocky. La narration, qui trouve son sens à la fin, est un autre point fort.
Désolé pour ceux qui n’ont pas vu, mais ça finit mal. Et on dirait que c’est la mode de finir mal. À force de voir les happy ending à l’Américaine être dénigrés, les cinéastes semblent se réfugier dans le drame humain. Il n’y a aucun mal à ça, mais il ne faudrait pas en faire un critère de base. Je n’aurais probablement pas voté pour ce film comme étant le meilleur d’une année précise, mais c’est certainement le meilleur film de boxe de l’histoire.
Pour le reste, je n’ai aucune idée si Hilary Swank vaut réellement un million de dollars, mais elle vaut certainement le prix de la location.
***½
Par Pierre-Luc Gagnon
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J’ai vu le film quand il est sorti et avant qu’il gagne meilleur film en 2005. Tu sais Pierre-Luc que quand il y a des films qui vont visiter de nouvelles voies, des sujets controversés, eh bien l’Académie récompense souvent ça. Le film a finalement gagné selon moi à cause de sa fin tragique et aussi à cause que c’est une fille et qu’elle boxe.. et que c’est du Clint Eastwood. Le monde du cinéma américain est en adoration avec ce type. Ce qui n’est pas particulièrement mon cas, quoique je le trouve évidemment talentueux, je ne l’aime pas plus que d’autres réals ou acteurs.
Désolé, les ami(e)s, mais je ne suis pas tout à fait d’accord avec vos restrictions. Je l’avais vu au cinéma et, oui, j’y allais un peu à reculons, appréhendant une histoire mille fois remâchée; j’avais tort ! La relation entre l’entraîneur et sa protégée – dans laquelle il transposait sa propre fille – est émouvante, déchirante même. Swank, Estwood et Freeman y sont au sommet de leur art et la moisson de statuettes dorées qui les a salués était on ne peut plus justifiée. La finale m’a profondément troublé (je cherchais mes Kleenex !). Ceci dit, l’appréciation d’un tel long métrage est peut-être directement reliée à l’âge de son spectateur. Comme j’ai plus du double du vôtre, je comprends que vous l’ayez perçu différemment… Au plaisir !