11 questions à Martin Lemay, député du Parti Québécois
Par Dominique Fortier • 1 décembre 2008 à 20:28Les Québécois sont de nouveau appelés aux urnes le 8 décembre prochain. Afin de faire des choix éclairés, DimancheMatin a demandé à tous les candidats de la circonscription Sainte-Marie-St-Jacques de nous livrer leurs visions pour le Québec en répondant à 11 questions. Car pourquoi poser 10 questions quand on peut en poser 11!
Aujourd’hui, le député du Parti Québécois, M. Martin Lemay.
01. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer en politique quand on connaît le cynisme de la population envers ses élus et le peu de pouvoir qu’a vraiment un député ?
Je suis militant politique depuis plus de 20 ans, soit à divers niveaux. J’ai toujours pensé que c’était un excellent moyen de faire évoluer les choses. Il est évident que le pouvoir d’un député est limité sur certains aspects et qu’il doit régulièrement agir en concertation avec les fonctionnaires et divers autres intervenants, mais le travail auquel il peut participer est tout de même assez important et stimulant pour avoir la satisfaction de réaliser son influence sur l’évolution des dossiers et ainsi être satisfait du boulot accompli.
02. Votre feuille de route exhaustive fait mention de votre implication au niveau du municipal comme conseiller et chef de l’opposition, adjoint de Gilles Duceppe et député provincial. Quelle est la différence majeure entre les trois paliers de gouvernement et pourquoi avoir finalement choisi la politique provinciale ?
Excellente question. En théorie, la seule différence réside au niveau des mandats. Chacun travaille sur des dossiers différents qui sont plus ou moins proches des citoyens. Avec le raffinement des outils électroniques développés par les instances gouvernementales (fonctionnaires) et au service des citoyens, ces derniers ont de moins en moins besoin des élus pour recevoir les renseignements de base reliés à leurs besoins.
Les élus peuvent donc se concentrer beaucoup plus sur la coordination et la gestion des politiques. Il n’en reste pas moins que le bureau de comté est toujours occupé dans le règlement des problèmes de tous les jours… mais ça évolue. De plus, au niveau du Québec ou du fédéral, le député est appelé à être loin de sa circonscription plusieurs jours par semaines pour faire son travail de législateur, travail qui se fait sur des dossiers différents, quoique très souvent complémentaires.
J’ai opté pour Québec par mes convictions fermes face à la Souveraineté du Québec à laquelle je travaille et que je souhaite de toute mon âme se voir réaliser dans des délais prochains au plus grand profit des Québécoises et des Québécois et du développement de notre vrai pays.
03. Qu’est-ce qui est le plus difficile dans votre rôle député ?
Probablement la nécessité de recommencer constamment les mêmes choses et la frustration de ne pas toujours être entendu. Savez-vous que j’en suis à ma troisième campagne électorale en trois ans, comment voulez-vous que je développe et termine des dossiers qui me tiennent à cœur comme ceux de l’itinérance dans ma circonscription ou la pauvreté, la nécessité de logements sociaux et de résidences avec services complémentaires pour des clientèles fragiles, la revalorisation de l’éducation dans nos établissements d’enseignement ou encore le développement de nos équipements culturels et sportifs. Ce travail qui doit être réalisé avec le concours de tous les paliers de gouvernements est difficile quand on gruge une grande partie de temps et de ressources à retourner en élection selon les humeurs du premier ministre.
04. Que répondez-vous aux gens qui doutent que Mme Marois soit la chef qui mènera le PQ à la souveraineté, surtout après avoir perdu trois courses à la chefferie du parti ?
Rappelons-nous que notre histoire politique est tapissée de ces réalités. M. Lévesque a perdu personnellement trois élections avant d’être finalement élu sous la bannière souverainiste. Mme Marois est une souverainiste de la première heure, elle a travaillé dans les cabinets de Mme Payette et de M. Parizeau, elle a été présidente de comté et, est très active. Laissons-lui la chance de faire ses preuves. La quête de la souveraineté ne se fait pas seul, il faut être entouré d’une équipe visionnaire et toucher l’âme du peuple. Malgré tout son charisme, M. Lévesque n’y est pas parvenu alors qu M. Parizeau est passé à quelques centaines de votes de réussir. Si tous les souverainistes se rangeaient derrière Pauline Marois, nous aurions facilement notre première ministre du Québec et surtout notre première femme chef d’état en Amérique du Nord.
05. Vous trempez dans le milieu de la politique depuis plus de 15 ans. Quels changements observez-vous dans les façons de faire des politiciens et de leurs partis depuis ?
Honnêtement, je vois peu de changement si ce n’est que souvent nous montons des projets très rapidement pour répondre à des enjeux pressants et ne réussissons pas toujours à les mener à terme dans les délais requis par les citoyens. Il est faux de penser que l’on puisse tout régler en quelques jours comme le pensent souvent certaines personnes… C’est ce que j’appelle le syndrome du « black berry ».
N’oublions pas dans nos attentes que si les solutions aux divers problèmes étaient si faciles, on n’en parlerait plus depuis longtemps.
Malgré tout, j’ai confiance en l’avenir de notre peuple, avenir qui passera par une relève instruite et idéaliste qui reprendra les flambeaux que certains laissent tomber. Nous avons une façon nord-américaine de faire de la politique, basée sur de la partisanerie et des chicanes sur les virgules. Je réalise toutefois que les gens politiques que je côtoie, tous partis confondus, sont plus souvent qu’autrement de bonnes gens qui veulent faire des choses politiques pour le bien de tous, laissons-leur la chance d’avancer, appuyons les bonnes idées et profitons-en pour nous regarder tous un peu, car nos politiciens sont souvent le reflet de ce que nous sommes nous-mêmes. Il est difficile et astreignant d’être une femme et un homme politique car les Québécois ont la critique facile et la solution rare, nous sommes habiles à être des gérants d’estrade, être au bâton n’est pas toujours facile.
Si je peux, dans une certaine mesure comprendre le cynisme de la population, je me dois de préciser que les enjeux sont de plus en plus complexes, il faut se méfier des solutions simplistes… l’on s’attend très souvent à des miracles de la part des hommes et des femmes politiques.
06. Dans votre comté de Ste-Marie-St-Jacques, si vous êtes élu, quels seraient vos premiers projets afin d’améliorer la qualité de vie des habitants de quartier ?
Plus particulièrement dans notre circonscription, j’entend continuer et finaliser les travaux de la commission parlementaire sur l’itinérance afin d’apporter, par l’intermédiaire d’une politique nationale, un support réel à toutes les catégories de victimes de cette problématique et un support amélioré aux groupes d’entraide et d’accompagnement. Je compte contribuer à faire avancer rapidement le projet de l’îlot voyageur et surtout donner un AVENIR CERTAIN au projet du CHUM.
Plus largement, avec l’équipe d’un gouvernement du Parti Québécois, nous comptons aider les travailleurs qui perdront leur emploi par la bonification des programmes de formation de la main-d’œuvre; appuyer les familles dans la gestion de leur budget par l’application d’un crédit d’impôt non remboursable pour les contribuables visés et soutenir la confiance des consommateurs en procédant à une remise d’une aide ponctuelle aux bénéficiaires de la TVQ tout en permettant le report de 2 ans de la conversion des REER ou des FEER. Les détails de nos engagements disponibles sur www.quebecgagnant.com (onglet LA PLATE-FORME).
07. Que pensez-vous de la perte du Grand Prix de Formule 1 de Montréal ?
Honnêtement, j’ai un peu de frustration pour les amateurs de ce sport et la perte des revenus estimés des commerçants qui travaillent souvent très fort pour rejoindre les deux bouts, mais je ne crois pas, comme certains, que l’avenir tout entier de Montréal ne tienne qu’à cet événement. Les millions de dollars qu’il faudrait y consacrer seront certainement plus utiles dans des projets structurants qui contribueront à relancer Montréal tout en stimulant l’intérêt du tourisme international et par voie de conséquence améliorer le sort financier des commerçants du centre-ville et de nos installations d’accueil des visiteurs.
08. Pour les gens qui seraient tentés de voter oui à un éventuel référendum; avons-nous des garanties légales et constitutionnelles pour y accéder ou le gouvernement fédéral pourrait tout simplement y apposer son veto ?
Vous trouverez une partie de la réponse dans la charte même des Nations-Unie (ONU) qui reconnaît explicitement le droit des peuples à la Souveraineté nationale. Le Canada, étant un pays essentiellement démocratique, ne pourra s’opposer à un désir majoritaire d’émancipation du peuple du Québec, volonté manifestée démocratiquement par une décision claire de sa population.
Il est évident que suite à l’expression d’une telle volonté, le Québec et le Canada devront s’entendre sur des partages d’actifs et de passifs, mais le tout se fera dans la conscience de nos intérêts communs et de la réalité d’établir un bon voisinage vu les intérêts communs qui continueront à être les nôtres.
09. Que répondez-vous aux détracteurs de Mme Marois qui l’accusent « d’acheter » des votes avec sa mesure fiscale d’envoyer un chèque de 200$ à toutes les familles de la classe moyenne advenant son élection ?
Franchement, s’il ne faut que $200. pour acheter les Québécoises et Québécois, c’est un peu à rabais. Cette mesure en est une pour permettre une petite soupape dans un resserrement financier déprimant. Ces $200. chez les commerçants du coin feront peut-être la différence pour ce dernier entre garder la tête hors de l’eau et se noyer. Prenons-le comme un petit répit tout simplement.
10. Comment passez-vous généralement vos vendredis soirs?
Il faut d’entrée de jeux préciser qu’un député n’a pas de vendredi soir… Son travail est très souvent réparti sur 7 jours. Devant être au parlement du mardi au jeudi inclus, il ne lui reste que 4 jours pour être présent physiquement auprès de ses commettants. De plus, certains de ces derniers ne peuvent le rencontrer que durant les week-ends ou encore certaines organisations qu’il supporte tiennent des rencontres que les soirs ou week-ends, d’où un horaire facilement réparti sur les 7 jours de la semaine.
De plus, comme je ne sors pas dans les bars et que j’ai des semaines très chargées entre Québec et Ste-Marie-St-Jacques, je me garde des moments pour le repos, la lecture, la musique et l’écriture. J’aime voir des amis, mais comme je suis un lève-tôt… je suis donc un couche-tôt.
Donc, le vendredi…dernier jour de travail de la semaine! …Inexistant pour un député impliqué dans sa communauté. Remarquez que je suis loin de me plaindre car je fais un travail exaltant qui me permet de côtoyer des gens formidables et dynamiques ici dans notre circonscription et un peu partout au Québec.
11. Pourquoi devrions-nous voter pour vous dans Ste-Marie-St-Jacques et pourquoi voterions-nous pour le PQ en général ? (Il est interdit de répondre : « Pour chasser les libéraux. »)
Remarquez que votre élément défendu est tentant, mais j’ai une vision plus importante de ma fonction et du travail que je sais pouvoir faire pour mes commettants.
En ce qui concerne le Parti Québécois en soi, je précise que c’est la seule solution politique sérieuse et apte à faire la souveraineté du Québec.
Par contre en ce qui me concerne personnellement, j’ai amorcé beaucoup de dossiers avec des gens extraordinaires dans la circonscription. Des dossiers comme la lutte à l’itinérance et à la pauvreté, le développement de projets de logements sociaux et de résidences supervisées sont au cœur de mes préoccupations, mais en parallèle et de façon tout aussi importante la quête de notre identité et de notre liberté qui reposera sur des jeunes instruits (inquiétudes sur le taux d’abandon scolaire entre autres), des aînés plus heureux et moins seuls et un système de santé qui ne grugera pas la totalité de nos ressources. Vous conviendrez avec moi que ce sont des défis emballants. C’est, dans tous les cas, les défis que je me donne et que je propose à mes électeurs, car je sais qu’ils adhèrent à ces valeurs de liberté, d’égalité et de justice, valeurs qui sont miennes depuis mes 20 ans de militantisme politique et social auprès de toutes les diversités de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Par Dominique Fortier
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Wow, très intéressant, vraiment. Excellentes questions qui tranchent avec les habituelles et sempiternelles questions radio-canadiennes… C’est une très bonne idée d’interroger les candidats sur des sujets précis. Bravo!
Joli travail en effet. Entrevue très intéressante à lire et avec une légèreté qui nous permet de rendre le discours plus intelligible. Chapeau à M. Fortier pour l’article et à M. Lemay pour s’être prêté à l’exercice!
Il n’y a rien qui puisse justifier les privilèges d’une retraite dorée et la prime de retraite que s’attribuent nos élus. On ne me fera croire que nos élus politiques sont là par charité. La politique ouvre à de nombreuses opportunités. Oû réalisent-ils leurs millions? Ou ils l’ont réalisé en politique ou dans les affaires, en y mettant du temps dans leur agenda. La politique ouvre de nombreuses opportunités. Lors de mon retour à l’enseignement je ne pouvais côtiser au RREGOP sous peine d’être privé de ma pension. Tandis que nos élus peuvent retourner au privé ou dans une société d’état et revenir en politique et toucher une, deux prestations de pensions … Une députée s’est dite tannée de c e que leurs conditions de travail en politique soient nivelées vers le bas en comparaisons avec les avantages des élus des autres provinces et en particulier avec ceux de l’Ontario. Le Québec est-il plus prospère que l’Ontario? Il y a une contradiction car les conditions imposées par le gouvernement aux employés se font justement vers le bas. exemples les infirmières, les enseignants… Quel mépris pour la basse et la moyenne classe! Québec Bravo!avec ton déficit!!
Quel mépris pour la basse et la moyenne classe! Leur condition de salaire ainsi que leurs conditions de travail… avantages sociaux… ne sont-ils pas toujours établies en nivelant vers le bas? Nos élus(es) devraient sortir de leur tour dorée et revenir sur terre. S’ils travaillent si fort, ils devraient penser qu’ils ne sont pas les seuls et penser aux autres qui n’ont pas le pouvoir de se voter toutes sortes d’avantages comme eux. Et comment justifier la prime de séparation? Quand on doit quitter un emploi a-t-on une prime de départ? Non, on doit se chercher un autre emploi et souvent repartir au-bas de l’échelle.