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Chronique dans le sous-solTrente ans dans la vie de Dominique, c'est loin d'être reposant. Des histoires aussi touchantes que rocambolesques racontées avec humour et sincérité.

Nos amis les policiers (Un best-seller assuré, 4e partie)

Par • 11 juin 2008 à 0:00

Ce texte fait suite trois autres chroniques (1ère partie / 2e partie / 3e partie)

 

La police?  Mais pour quelle raison le propriétaire appellerait-il la police?  En fait, il nous accusait d’avoir volontairement voulu inonder son magasin.  Bon, il est vrai que nous avons légèrement contribué au réfrigérateur qui coulait déjà en faisant déborder le lavabo simultanément… Bref, après avoir fait le tour des lieux et constaté que l’appartement était en décrépitude, les deux représentants de la loi reprirent leur chemin en nous conseillant gentiment de ne pas trop faire exprès pour aliéner le propriétaire.

 

Et la valse des policiers commença!  À tous les jours, les policiers venaient pour une raison différente :  Plainte de bruit (alors que nous soupions aux chandelles bien tranquillement) vandalisme (par rapport à des choses qui étaient déjà abimées) menaces envers le propriétaire (alors que nous lui avons simplement indiqué qu’il n’allait pas gagner cette guerre) et j’en passe! En fait, M. Rossy appelait la police pour tout et rien.  Et même, il les appelait (de son château à Westmount) en se faisant passer pour un voisin d’étage alors que nous étions les seuls dans le building! Quelques fois, nous avions la sympathie des policiers, d’autres fois, on nous accusait d’abuser d’un pauvre vieillard à moitié sénile.  Les apparences jouaient contre nous puisque j’avais les cheveux longs bleus aux fesses, mon coloc avait un mohawk qui ornait sa jolie tête dégarnie et Caro (sa blonde) arborait une tignasse rouge et un habillement digne d’un vrai punk de Montréal!  Les policiers ont même déjà suspecté que nous squattions illégalement notre appartement.  « Il est impossible que des gens normaux vivent dans de telles conditions, vous êtes sûrement des squatteurs! »  Nous devions alors présenter notre bail pour prouver aux forces constabulaires que nous habitions bel et bien ce luxueux loft!

 

Mais malgré toutes ces visites impromptues des policiers, les problèmes ne se réglaient pas.  Nous n’avions toujours pas de sonnette de porte, de boîte aux lettres, de chauffage constant ni d’éclairage dans le couloir.  Sans compter les murs et les planchers qui menaçaient de prendre leur retraite à tout moment!  Nous nous sommes alors mis à contempler les avenues juridiques.  Que pouvions-nous faire?  Aller à la Régie du logement?  Bien sûr!  Moyennant 50$, nous pouvions ouvrir un dossier!  Et attendre, attendre et attendre.  Devant cet affront, M. Rossy répliqua!  Il nous envoyait une mise en demeure pour nous expulser du logement sous prétexte que nous ne payions pas et que nous endommagions son merveilleux building.  Le problème, c’est qu’à la quantité de policiers qui venaient chez nous, nous avions commencé à en reconnaître quelques uns.  Et eux aussi d’ailleurs nous reconnaissaient!  Lorsque nous les entendions parler à leur centrale par radio, leurs paroles ressemblaient à ceci : « Ici c’est Gingras, on est avec les punks du Rossy, tout est correct, on s’en charge. »  Les punks du Rossy!  Eh bien, on est connus au poste de quartier de la rue Fleury!  Tout cela pour dire que nous avions déjà quelques hommes de loi prêts à témoigner pour nous.  Rossy aussi.

 

En ce qui a trait au paiement du loyer, M.Rossy avait inventé une nouvelle ruse pour nous mettre dans l’embarras.  Il refusait nos chèques lorsque nous allions lui porter!  Que faire, que faire?  Eh oui!  On appelle la police comme témoin pour forcer Rossy à accepter notre paiement de loyer!

 

À partir de maintenant, il fallait surveiller nos moindres gestes de peur que ça nous nuise en cours.  D’ailleurs, d’avoir 15 chats et 10 rats dans l’appartement n’aidait pas notre cause comme nous l’a souligné une représentante de la Régie du Bâtiment venue nous visiter à la demande de Rossy.  En fait, à l’époque, trois animaux domestiques par logement étaient le maximum autorisé par la loi.  Mais en revanche, on prenait la température ambiante en note à chaque jour pour prouver que le chauffage était inadéquat.  La lutte allait être féroce.  Très féroce…

 

La semaine prochaine : La saga judiciaire et autres aventures (5e et dernière partie)…

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