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Arcade Fire – Funeral (2004)

Par • 2 février 2007 à 7:00

Après avoir dévoré l’album démo éponyme – qui m’a beaucoup charmé – je devenais une proie facile à impressionner devant le très acclamé Funeral. Déjà un classique pour plusieurs, un coup de maître pour d’autres, cet album est resté à l’écart du grand public et du brouhaha commercial. Il ne m’aura toutefois pas échappé… et c’est bien tant mieux!

Pour se prêter au jeu d’Arcade Fire, il faut d’abord accepter l’originalité vocale des époux et épouse (Win Butler et Régine Chassagne). Même si l’on compare parfois Win à David Bowie ou David Byrne (Talking Heads) et Régine à Björk, il ne faut pas se méprendre, ils n’ont pas les cordes aussi bien ajustées que leurs influences. Les tourtereaux chantent avec tellement d’intensité et de fébrilité qu’on leur pardonnerait une fausse note, sous le prétexte de l’émotion générale.

Et cette émotion vibrante se répercute dans pratiquement toutes les pièces de Funeral. Il y a tellement d’humeur dans la musique de la gang de Montréal que je me surprends à imaginer des scénarios dans ma tête pour chacune des pièces.

Dans Crown of Love, j’entrevois un couple déchiré par une séparation imminente. Ils s’embrassent sous la pluie alors que le taxi attend sur le bord de la rue. Et les palpitations culminent en un départ cruel.

Dans Wake Up, j’imagine facilement une bande d’adolescents qui déambulent sur le trottoir en criant leur hymne lors d’une manifestation quelconque. Et les policiers débarquent alors que le rythme s’accentue…

Mais ce qui rend Funeral totalement irrésistible, c’est l’enchevêtrement parfaitement logique des pièces qui se complètent et s’accentuent entre elles. Parmi les meilleurs moments de l’album se trouvent les trois premières pièces de l’ensemble thématique Neighborhood (Tunnels, Laïka et Power Out). Surtout Laïka qui tranche avec ses couplets saccadés, l’urgence de son refrain et ses succulentes notes d’accordéon. Neighborhood #4 (7 Kettles) vient assombrir le quatuor avec une ligne mélodique d’un ennui total. Heureusement, la mise est sauvée avec une débandade majestueuse de cinq excellentes chansons jusqu’à la fin de l’album. Peut-être un bémol sur les cris aigus de Régine dans In the backseat ; je baisse toujours le son rendu à cette pièce. Mention spéciale à Rebellion (Lies) pour son irrésistible finale au violon. Sublime!

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2 Réponses »

  1. C’est une bonne critique, imagée comme je les aime! J’ai aussi une tendance à mettre des images sur les chansons que j’entends mais il est vraiment rare que ça se produise sur tout un album! Tu me tentes 😛

  2. Arcade Fire est un bijou. J’ai aussi l’album éponyme et Funeral, bientôt Neon Bible, je l’attends de pied ferme.

    Drôle que cette critique soit apparue le jour de mon anniversaire.

    J’adore ce groupe indépendant, « le plus intriguant des bands canadiens » selon Times je crois. Tous ceux qui ne connaissent pas ce groupe de Montréal, écoutez leurs chansons et admirez avec vos oreilles. Parmi mes préférées, la série Neighborhood (surtout Tunnels et Laïka), Rebellion (lies), Into The Backseat.

    D’avis personnel, Arcade Fire est un groupe qui ne garde pas toujours le même rythme dans une chanson, le même style. Ce n’est pas comme Franz Ferdinand ou Weezer et variations, dont les chansons rappellent tout de suite tel ou tel succès de leur propre groupe.

    On s’entend aussi que les Artworks sont intriguants, que derrière les paroles se cachent de sombres souvenirs (entre autres pour Régine Chassagne) et qu’ils innovent en tant qu’harmonie musicale. Mêler guitare, basse, accordéon, clavier, violon et casques (!) afin de réunir environ sept musiciens de la famille d’Arcade Fire ne semblerait pas, à première vue, être une mince affaire. Pourtant ils s’en tirent plus que bien !

    J’espère qu’ils vont prospérer et qu’ils vont rester les mêmes, ce sont des artistes géniaux. 🙂

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