Penny et moi
Par Émilie Gagné • 27 juillet 2011 à 11:29Mise en garde. Ce texte est classé général. Personnes sensibles s’abstenir. Non-amateur de «Marley et moi aussi».
Cette semaine, j’ai dû prendre une décision difficile (j’hésitais à dire la plus difficile de ma vie, mais il y en a eu des pires). Après quelques mois de rébellion de la part de ma chatte dépendante affective, j’ai décidé de la faire euthanasier. Depuis quelques mois, lorsqu’elle n’avait pas assez d’attention, elle nous faisait cadeau de ses besoins… Pas super comme cadeau.
La décision a été longue à prendre, parce que pendant des périodes de quelques semaines, elle se comportait bien. Aussi, elle faisait partie de mon quotidien depuis quatre ans. Lorsque je pensais à la maison, elle faisait partie du portrait général. Or, dans l’idée de fonder une famille, nous nous sommes dit que sa frustration augmenterait proportionnellement avec son malheur. Nous avons pensé à la donner, mais ça n’aurait que transféré le problème à une autre personne. L’abandonner dans la nature n’était pas une solution envisageable. Elle n’aurait pas survécu 2 jours près du Parc Forillon et de ses animaux, surtout sans griffes.
Après tout ce que l’on a entendu dernièrement concernant l’euthanasie des animaux, J’ai décidé d’accompagner Penny jusqu’au bout. Malgré les derniers moments difficiles qu’on a eus, je lui devais bien ça : mourir dignement, sans souffrance et avec quelqu’un qui lui tiendrait la patte. Je suis arrivé chez le vétérinaire, avec ma cage, Penny et ma petite voix, en espérant ne pas tomber sur la réceptionniste qui n’est pas de service. À mon grand bonheur, ce n’était pas elle. J’aurais pu la mordre… ou alors libérer Penny le temps d’un cadeau!
Dans la cage, on aurait dit que Penny savait ce qui allait lui arriver. Elle s’était recroquevillée au fond, en boudant. Je me suis senti comme une traîtresse. Quelle trahison ! Moi, son maître, la personne pour qui elle a tant d’affection, qu’elle aime le plus au monde (après elle), qui décide de la quitter. C’est dur sur l’ego d’un chat. Après une heure, c’était fait. Le tout de façon paisible. Assommée par un sédatif, une fois la vraie piqûre injectée, elle était déjà pas mal dans les «vap’». En deux minutes, l’injection a fait son effet. J’ai bien fait de l’accompagner parce que je l’ai beaucoup aimé. Mais ça me laisse des images pas très heureuses en tête. Essayons de changer ça!
Je me souviens du moment où j’ai choisi mon chaton au Pet shop. C’était le plus beau chat. Ma coloc et moi avions décidé de s’acheter chacune un chat et de le nommer d’après une chanson. Pas très original, mais on aimait le concept. Ma chatte a hérité de Penny Lane et son matou de Bobby Mcgee. Ils sont devenus un petit couple. Ils ont mis un peu de vie dans notre faux 4 et demi.
Ils ne sont pas restés petits longtemps. Avant qu’ils ne deviennent trop obèses pour se tenir sur le bord du bain, Bobby s’amusait à pousser Penny dans mon bain. Une fois, ma coloc et moi avons décidé d’imiter la fameuse photo du chat avec un melon sur la tête. Les chats ont appris à leurs dépens que ce n’est pas confortable un melon.
En quatre ans, elle en a vu des choses passer et disparaître. Témoin silencieux de moments d’ennui, de folie et de joie. Elle a vu le chum s’installer à l’appart et essayer de l’apprivoiser. Elle a vu son meilleur ami partir à Montréal, pour se faire remplacer par une petite minette fringante, tout aussi rousse que malcommode, qu’elle a finie par adopté comme son bébé (il suffit d’avoir vu l’une de ses séances de lavage forcé pour comprendre, pareil comme une mère qui se mouille le pouce pour t’essuyer les babines). Elle a vécu plusieurs déménagements, dont le dernier en plein hiver… et elle est restée cachée dans la laveuse de la cave pendant une journée entière, effrayée par le changement, pour finalement sortir avec les pattes tâchées, qu’elle a gardées pendant un mois. Avec la maison, elle a découvert les joies des fenêtres ouvertes, des papillons qui jouent les agaces, des courses à travers un espace plus vaste et des chats sauvages qui viennent faire des coucous.
Il va me falloir encore quelques jours pour m’habituer à son absence sur le bord de la fenêtre ou sur le divan. Je vais sûrement me poser la question si j’ai pris la bonne décision. J’espère que c’est le cas.
Par Émilie Gagné
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Ça doit prendre énormément de courage pour passer au travers de tout ça! Je ne sais pas si j’pourrais faire de même si « La Brute » se rebelle un jour…
Touchant de nous raconter ça… Prends le temps de faire ton deuil!