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Mesrine: L’Ennemi public no. 1

Par • 19 septembre 2010 à 18:53

Au même titre que le premier épisode du diptyque sur la vie de Jacques Mesrine: L’INSTINCT DE MORT, les auteurs ont élaboré la structure du récit de L’ENNEMI PUBLIC NO. 1 en évoquant certains des principaux évènements de la vie du célèbre gangster, entre son retour en France en 1973 et sa mort en 1979, avec une vision généralement objective des faits, mais qui épouse de façon plus spectaculaire, voire christique, le rythme de vie trépidant du protagoniste.

En 1973, le criminel Jacques Mesrine revient en France où, avec la complicité de Michel Ardouin, surnommé « Le Porte-Avion », il se livre à une série de braquages qui font de lui l’un des hommes les plus recherchés par les forces de l’ordre. Arrêté et devant comparaître en cour pour un délit mineur, Mesrine s’évade en prenant le juge en otage. Le commissaire Robert Broussard parvient finalement à l’arrêter dans son appartement, mais au cours du procès qui s’ensuit, Mesrine accuse la justice et ses représentants d’être corrompus en plein tribunal. Condamné à 20 ans d’emprisonnement, Mesrine est enfermé à Paris à la Santé, une prison à haute-sécurité réputée inviolable. Cela n’empêche pas Mesrine de s’en évader en 1977 avec un dénommé François Besse, qui devient alors son nouveau complice.

En 1978, les deux hommes parviennent à cambrioler le casino de Deauville, après s’être déguisés en inspecteurs de police pour tromper le directeur. Traqués sans relâche durant leur fuite, Mesrine et Besse parviennent à franchir les barrages de police en prenant en otage une famille de fermiers. Mesrine devient dès lors « L’Ennemi Public No. 1 » en France, et celui-ci doit multiplier les déguisements pour ne pas être reconnu. Grisé par sa popularité, il donne quelques interviews à des journalistes. Il rencontre également Sylvia Jeanjacquot, qui devient sa nouvelle maîtresse, et songe à se joindre à un groupuscule révolutionnaire d’extrême-gauche. Mais l’étau se resserre autour de lui, et Mesrine est finalement abattu par des policiers à Paris le 2 novembre 1979, au cours d’une embuscade ayant plus les allures d’une exécution planifiée que d’un acte de légitime défense.

Comme les exploits de Mesrine durant les années 70 ont contribué à accroître sa légende et à entretenir une image de sa personnalité beaucoup plus tumultueuse et flamboyante qu’à ses débuts, l’approche de ce film souligne, davantage encore que dans le premier opus, les aspects contradictoires de ses actes, sans chercher pour autant à les juger, ni à en expliquer ou éclaircir les motivations profondes, tant sur le plan psychologique que politique.

Dans le même temps, la mise en scène de Richet abandonne les clins d’oeil aux innovations techniques des années 60 utilisées dans L’INSTINCT DE MORT. En lieu et place, le réalisateur opte pour une approche à la fois classique et viscérale, qui rappelle aux cinéphiles le style brut employé dans les thrillers policiers et les films de gangsters conçus dans les années 70, en particulier les poliziotteschis italiens.

La conception technique des scènes d’action en est d’ailleurs un exemple convaincant, ne serait-ce que par son montage vigoureux qui se refuse à adopter la facture trop syncopée des films de genre actuels.

Pour le reste, on retrouve le même soin apporté à la reconstitution d’époque, une trame musicale de circonstance et un casting prestigieux, où presque tous les acteurs choisis ont une ressemblance frappante avec les personnages réels qu’ils incarnent, à l’exception de Gérard Lanvin, qui fait tâche d’huile en Charlie Bauer, un révolutionnaire d’extrême-gauche qui s’exprime avec l’accent du sud de la France.

Pour compléter l’impeccabilité de ce tableau d’ensemble, la vedette Vincent Cassel réussit une prestation exemplaire, tant sur le plan de la transformation physique que de la fugacité de son jeu, en plus de s’en donner à coeur joie dans quelques réparties cinglantes.

L’ENNEMI PUBLIC NO. 1 boucle donc admirablement la boucle de cet excellent diptyque sur la vie de Jacques Mesrine, et je ne saurais trop vous conseiller d’aller voir les deux films, car ils valent le déplacement.

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