Le Showcase de Guillaume Wagner
Par William Beretta • 15 février 2008 à 0:01
Il est intéressant d’aller voir des humoristes de renom qui nous présentent leur produit fini, un produit poli et retravaillé pendant des jours et des jours par une armée d’auteurs acharnés. Le divertissement est au rendez-vous. Le spectateur n’a qu’à bien s’installer dans son siège et attendre les gags de manière passive. Cette voie reste sûre, souvent coûteuse, certes, mais efficace. Et il y a une autre voie.
Cette voie, c’est celle des bars mal famés, des salles mal éclairées, des « trous » assez louches… Pourtant, on peut y découvrir de belles surprises en matière d’humoristes. Guillaume Wagner, par exemple, est un survivant de cette deuxième voie — qui parfois mène à la première — et il a présenté le mardi 12 février 2008 son « Showcase », c’est-à-dire le matériel humoristique qu’il a accumulé depuis la dernière année à faire la tournée des bars. Il a loué le studio « Juste pour Rire » pour un soir seulement et, dans une ambiance assez intime, il a fait rire son public pendant une heure et demie.
On ne peut considérer ce spectacle comme un one-man-show officiel, mais bien comme une entreprise de rodage. En musique, on appellerait ça « faire ses gammes » (et avec un nom de famille comme le sien, les analogies avec la musique sont permises). Le spectacle commençait d’ailleurs par une vidéo de l’humoriste exposant, avec humour, les étapes de création qui ont mené au résultat final. Dans ce cas-ci, le résultat final est un résultat intermédiaire. Par conséquent, la relation avec le public devient dynamique. Cet humoriste de la relève teste ses gags et son auditoire a un réel pouvoir d’influencer l’artiste qui se donne entièrement sur scène. Chaque éclat de rire est comptabilisé et engendrera une éventuelle modification du numéro en question.
Quant au spectacle en tant que tel, nous avons eu droit à une plage très large de blagues. Les sujets étaient nombreux et variés, ils s’enchaînaient avec des liens tantôt forts, tantôt faibles, mais toujours en s’assurant de conserver un rythme fluide. On sentait que Wagner était un tantinet nerveux en première partie, mais il s’est bien repris dans la seconde. D’ailleurs, même dans ses moments de nervosité, il a fait preuve d’une capacité d’improvisation remarquable.
Il faut souligner que, bien que cet humoriste aborde des sujets plus « traditionnels » avec aplomb, il s’aventure quelquefois dans des sentiers un peu plus risqués, comme les religions. On devinait le potentiel des gags sur ce sujet, mais ils n’étaient pas poussés à leur limite. On discernait une certaine réticence à aller jusqu’au bout de ces blagues. Dans un contexte plus privé, Wagner aurait intérêt à dépasser les bornes pour ce type de gag afin de provoquer une réaction plus forte. Par contre, ce genre de réaction n’est pas à conseiller pour un public plus large.
Bref, c’est tout un défi que Guillaume Wagner s’est lancé à lui-même et à son public. On peut dire que, dans l’ensemble, il a livré la marchandise. Après seulement une année d’humour derrière la cravate, le résultat est particulièrement prometteur. Nous attendons la suite avec impatience.
Par William Beretta
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