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ÉditorialPuisqu'il y a des choses qui doivent être dites, aussi bien les dire avec une verve franche et directe. Des sujets chauds, traités vivement sans trop de fioritures.

Bureaucratie et procédures

Par • 27 janvier 2012 à 12:41

Lorsque l’on exerce le métier de journaliste, on a souvent affaire à des relationnistes, des attachés-presse, des agents de communication et des responsables des médias. Ces titres se ressemblent me direz-vous ? Vous avez parfaitement raison. Tous les gens qui exercent ces métiers, peu importe le nom, font sensiblement la même chose à quelques exceptions près. L’attaché-presse est souvent associé à un politicien tandis que l’agent de communication est plutôt associé à un organisme. Mais le résultat est le même pour le journaliste. Il doit passer par ces personnes pour espérer pouvoir s’entretenir avec la personne qu’il désire vraiment interviewer. On s’habitue. Je comprends pourquoi un ministre ou un député ne donne pas son numéro de cellulaire à n’importe qui. Il faut quand même éviter les abus. Vous vous imaginez si toute la province avait le numéro de cellulaire du ministre de la Santé ou de l’Éducation ? Ça serait ingérable.

Par contre, quand on est journaliste, on se passerait parfois des intermédiaires. Prenons un exemple concret. Disons que des rumeurs circulent à l’effet qu’un député aurait trempé dans une histoire de pot vin. Scénario très improbable me direz-vous, j’en conviens, mais prenons-le tout de même pour les besoins de la cause. En tant que journaliste, j’ai des questions bien précises à poser au député. Des questions que je crois (peut-être à tort) que je suis le seul à avoir pensé. Des questions qui déstabiliseraient le député s’il se les faisait poser à chaud. Mais le député est vite, il connaît la « game » et les journalistes. Il ne veut pas se faire coincer par une question à laquelle il n’a pas eu le temps de préparer une réponse. C’est ici que l’attaché politique ou le relationniste entre en jeu. Il filtre les appels, il demande au journaliste de quel sujet il veut discuter avec le député, il avise le scribe que le député ne veut pas commenter actuellement tel ou tel sujet. Bref, il tente de cerner le journaliste et décide s’il est sécuritaire de le laisser parler directement au député. Il arrive aussi que l’attaché politique propose au journaliste de répondre à la place du député. Disons que ça frappe moins quand on doit citer l’attaché politique dans un article au lieu du député lui-même. Mais comme je disais, c’est ça la politique, on connaît tous la « game » et on apprend à contourner les obstacles.

Par contre, quand je veux m’adresser à une personne qui n’est pas connue du public en général et qu’on me renvoie aux relationnistes, j’ai un problème. Un exemple concret qui m’est arrivé récemment illustre très bien ce que je veux dire. J’ai des articles à écrire sur la santé des Gaspésiens suite à la parution d’un rapport détaillé de 214 pages.

Je commence à éplucher le rapport, mais je bloque sur certains tableaux. Il y a des chiffres dans ces tableaux que je ne comprends pas. Je cherche à trouver leur signification, mais je n’arrive pas à conclure hors de tout doute ce qu’ils représentent. Pas question d’écrire un article si j’ai mal interprété les tableaux. Il en serait injuste pour le public qui lira mon article ainsi que pour l’auteur du rapport qui serait lésé par des interprétations erronées que j’en aurais faites. Je cherche alors le nom de l’auteur du rapport et j’appelle l’agence de la santé où il travaille pour lui parler.

Deux petites questions sur ce que représentent les chiffres et je le laisse retourner à son travail. Bonheur! Je compose son extension et je tombe directement sur lui! Pas de boîte vocale, pas de message à laisser, c’est génial. Je me présente alors à la personne et je lui dis sans prendre de détour que je veux simplement savoir deux petits détails afin de comprendre comment lire ses tableaux. Je lui précise que je ne veux pas le citer dans le journal, mais simplement comprendre ses tableaux. Il me répond et on retourne à nos occupations? Non. Le gentil fonctionnaire m’explique que les médias doivent passer par la responsable des médias pour toute question. Par la suite, la responsable des médias va transmettre ma demande au directeur de l’Agence de la santé. Une fois que celui-ci aura pris connaissance de ma demande, il va aller chercher l’information auprès de la personne ressource qui en l’occurrence est la personne à qui je parle en ce moment. Puis il va donner les informations à la relationniste qui va ensuite me rappeler pour me donner mes réponses. Avec un tel processus, on s’arrange pour ne rien oublier lors de la demande initiale d’informations…

Un peu chatouillé et irrité par cette explication, je demande à l’auteur du rapport pourquoi je dois passer par tout ce processus pour une simple question qu’il pourrait me répondre en 30 secondes. Sa réponse est sûrement une des phrases que je déteste et que je méprise le plus. « C’est la procédure, monsieur, je ne peux  rien faire. »

Me faire répondre qu’il s’agit de la procédure et qu’il ne peut rien faire me fait rager et me questionner sur le jugement de certaines gens. Quel mal aurait-il pu avoir qu’il me donne ma réponse directement? C’est quand je subis ce genre de situation que je me questionne sérieusement sur la pertinence de certains postes au sein des organismes.

Si Mario Dumont, François Legault et d’autres politiciens ont évoqué l’idée d’abolir les commissions scolaires et les agences de la santé, ils doivent bien avoir de bonnes raisons. Les levées de boucliers sont inévitables lorsqu’on parle d’abolir des postes de fonctionnaires. Mais parfois, il faut savoir se tenir debout et faire face aux vagues de protestations si on veut avancer. La bureaucratie et les procédures paralysent le système, découragent ceux qui veulent faire bouger les choses rapidement et gobent des fonds qui devraient aller à l’amélioration des services pour la population.

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Une Réponse »

  1. La maudite bureaucratie et la maudite paperasse. C’est incroyable! Je suis sûr que si tu voulais lui faire un don, il ne te ferait pas niaiser avec son entourage et il l’accepterait directement.

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