Braveheart : La quête de la liberté, un coup d’épée à la fois (1995)
Par William Beretta • 15 juin 2007 à 0:00Dans un précédent article, je vous proposais d’explorer l’univers de Mel Gibson. Aujourd’hui, pour le premier article de la chronique « Les classiques du cinéma », nous allons remonter un peu plus loin et examiner ce que je considère comme son classique : Braveheart.
Comme la plupart des chefs d’œuvres du cinéma, l’histoire est bien connue et a été parodiée de nombreuses fois — un signe que le film est passé dans l’imaginaire social de l’époque. Jetons-y un coup d’œil pour se remettre dans le bain. William Wallace (Mel Gibson), un paysan écossais de la fin du XIIIe siècle, désire vivre en paix avec sa bien-aimée. Or, lorsque cette dernière se fait trancher la gorge par un représentant du roi Edward the Longshanks (Patrick McGoohan), Wallace s’insurge contre l’autorité royale et lève une armée de tribus écossaises afin de libérer l’Écosse du joug des Anglais.
Braveheart n’est pas qu’un simple film épique comme les autres. Il s’agit d’une œuvre complète qui trouble les émotions du spectateur à chaque visionnement. On sait que Gibson a été influencé par le théâtre de Shakespeare — il a notamment joué Hamlet dans une adaptation cinématographique de la pièce en 1990 — et qu’il est capable d’un jeu physique et psychologique. Or, qu’est-ce qui nous vient à l’esprit lorsque l’on pense à Shakespeare ? Un jeu très physique, de la terreur, de la pitié, de l’humour et un contenu moral. Braveheart exploite toutes ces facettes avec un équilibre exemplaire.
Les scènes physiques sont abondantes (particulièrement les scènes de guerre dans lesquelles les acteurs principaux doivent manier des épées, des haches, des dagues, etc.) et elles sont accompagnées d’une violence explicite qui montre la guerre sous son vrai jour. Oui, on voit souvent des épées trancher des jambes ou des flèches qui transpercent des bras. Mais combien de fois avez-vous vu des prêtres en robe tenter de traîner des blessés hors du champ de bataille ? Combien de fois avez-vous observé les agonisants se faire achever par dizaines, une fois le combat terminé ? La terreur est présente dans ces scènes, mais la pitié aussi. Cette même pitié monte d’un cran à la fin lorsque les plans du héros sont perturbés et qu’il donne sa vie pour sa cause.
Toutefois, à travers ce brouhaha de terre et de sang, on nous présente des guerriers écossais sympathiques, prompts à la blague et aux compétitions amicales. Ces combattants peuvent tuer des Anglais à profusion qu’ils n’en demeurent pas moins attachants et amusants. Ces relations chaleureuses sont si remarquables que, lorsque les trahisons se mettent de la partie, l’effet en est accentué. William Wallace, ce héros qui lutte contre un ordre établi, ce héros qui donne sa vie pour un idéal comme la « liberté », se bute contre un destin implacable et funeste. La trahison le poignarde par derrière et il succombe de sa blessure.
Bref, Braveheart reprend la tradition shakespearienne pour l’adapter à un film épique. Le résultat est magnifique et, comme Hamlet, bien que le visionnement nous draine de nos émotions, on meure d’envie de recommencer encore et encore.
Par William Beretta
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Du point de vue cinématographique, qu’on aime Gibson ou non, il faut reconnaître que c’est un foutu bon film. Mais avec le temps, les irrégularités historiques qui ont été rapportées par les experts sont devenues si nombreuses (et irréfutables) que je ne peux plus voir Braveheart autrement maintenant que comme un bon film d’aventures. Au moins, comme tu le soulignes, Gibson ne fait pas dans la dentelle : une jambe tranchée, ça ressemble à ÇA ! (scrountch)
Il faut souligner que je ne les connais pas, ces irrégularités historiques. Je pourrais m’informer, mais je serais sûrement déçu par la chose. Je préfère me garder une petite gêne et apprécier le film avec un tantinet d’ignorance. Ça passe pour cette fois…
Bah non ça vaut pas la peine de se gâcher le fun, Will. De toute façon, en gros les critiques sont dirigées contre le côté romancé de l’histoire (il serait effectivement surprenant d’apprendre qu’un rebelle écossais se tapait vraiment la belle-fille de son pire ennemi, c’est-à-dire la future reine d’Angleterre et fille du roi de France par surcroît). Mais ça j’imagine que tu l’avais deviné.
Ah, et il a pas vraiment crié « Freedom ! » quand on lui a tchoppé le paquet… 😉
OK, j’croyais que c’était dirigé contre des éléments moins évidents. C’est sûr que le côté romancé de l’histoire est flagrant, mais faut pas prendre ce film pour un film historique pur et dur. En revanche, je serais curieux de savoir si le fils du roi était si… gay. Je vais m’informer là-dessus…
Sûrement pas aussi cliché, mais probablement que oui. N’empêche que contrairement à ce qu’on pourrait croire, Édouard II (ça été son nom de règne) a été l’un des rois les plus marquants d’Angleterre ; il a d’ailleurs violemment combattu Robert the Bruce en Écosse, mais si dans le film il est dépeint comme un incapable du point de vue militaire.
J’avais vu ce film au cinéma et je l’avais trouvé interminable (je me retiens pour ne pas effacer les deux premières syllabes). Le scénario ne va nulle part, les violences s’accumulent jusqu’au dégoût et le jeu des acteurs est un peu « poche ». Étrangement, on croirait que c’est un film ‘de gars’… eh bien, non ! L’amie qui m’y avait accompagné avait ‘trippé fort’ et semblait un peu déboussolée de constater que j’avais « ben haï’ ça » !!! Le secret pour ne pas trop être déçu est peut-être, finalement, de le regarder chez soi au petit écran… Sans rancune, les gars ???
Sans rancune, Richard. On ne va pas t’en tenir rigueur parce que tu exprimes ton opinion haut et fort. Continue comme ça. Qui sait? Un jour, nous allons peut-être sortir un film qui entre dans tes cordes… 😉
Braveheart est mon film préféré. c’est aussi, je le pense en toute objectivité le meilleur film historique épique jamais réalisé.
Concernant les reproches qu’on peut lui faire au niveau historiques il n’y en a pas tant que ça. Il faut savoir que la vie de William Wallace est assez floue dans les archives historiques, on ne connait pas autant de choses sur lui qu’on pourrait le croire. Ensuite il est vrai que Gibson a pris quelques libertés sur le personnage d’Isabelle (interprétée par Sophie Marceau). Et évidemment que Wallace n’a pas crié « Freedom », Braveheart ne se veut pas un docu sur l’histoire écossaise mais est historiquement bien plus valable qu’un certain Gladiator ^^
Enfin, sachez que ce film a rencontré un grand succès en Ecosse, que ce soit du point de vu des critiques que dans les mentalités où il a ravivé un héros écossais dans la mémoire des Scots 😉