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Chronique classiques du cinéIl y a de ces films inoubliables. De grands réalisateurs au grand écran... du grand cinéma pour de grands moments!

Alexandre le bienheureux : la paresse élevée au niveau d’oeuvre d’art (1968)

Par • 8 février 2008 à 9:20

Le 23 novembre 2006, le monde entier (où il possédait une armée de fans) avait pleuré le décès de Philippe Noiret. Afin d’illustrer l’immense perte d’un tel monument du cinéma français, rappelons-nous Alexandre le bienheureux qui fut sans doute le premier long métrage à révéler aux Québécois le talent époustouflant de Noiret.

 

À mon avis, les épithètes usuelles ne suffisent pas pour parler d’Alexandre le bienheureux; désopilant, rafraîchissant et merveilleux semblent bien faibles pour qualifier cette production des plus originales. Le destin de son aimable héros se démarque d’à peu près tout ce qui avait été tourné auparavant. Il fallait le faire : dépeindre avec un humour aussi aiguisé un homme à la merci des tortures de sa bien-aimée (Françoise Brion) ! Le mot tortures n’est pas exagéré pour désigner les immondes sévices administrés par l’épouse qui, par d’incessants claquements de doigts, exige de son homme un travail sans relâche, du petit matin jusqu’à la tombée du jour. Un accident de voiture mortel – et… providentiel ! – libérera enfin Alexandre de sa tendre (?) moitié. Dès lors, le sommeil constituera son principal hobby.

 

Habitués de le voir trimer dur dès le lever du soleil, les villageois s’inquiètent d’être sans nouvelles du nouveau veuf et ce, même dans les moindres recoins du patelin. Pire : le récent adepte de la fainéantise ne daigne même plus se rendre au village pour se procurer sa nourriture. Maître d’un adorable cabot acheté d’un voisin, Alexandre dresse la bête à se rendre au marché avec un panier contenant sa liste d’épicerie. Cette attitude trouble l’entourage à un tel point qu’elle est inscrite en urgence à l’ordre du jour de la prochaine assemblée du Conseil municipal. On se demande vraiment si l’homme est malade, peut-être même mourant ? Loin de là. Alexandre fera la connaissance de la délicieuse Agathe (Marlène Jobert) qu’il imaginera apte à occuper dans son cœur la place laissée libre par sa femme; à raison ou à tort ?

 

Contrastant avec l’excentricité de son personnage central, Alexandre le bienheureux renferme de nombreux individus surprenants. On y détecte une authentique tendresse de la part des membres d’une communauté qui se serre les coudes pour secourir l’ami Alexandre, quoique celui-ci se porte plutôt bien, merci.Le scénario de ce film est un bijou de psychologie humaine agrémenté de paysages champêtres à faire rêver, particulièrement durant les scènes mettant en vedette le fidèle chien déambulant avec zèle vers le village, son panier au museau.

 

Le printemps vous semble encore loin ? Délectable antidote avant l’arrivée des beaux jours, Alexandre le bienheureux vous aidera à patienter jusqu’à l’éclosion des premiers bourgeons…

 

Cet article est publié en collaboration spéciale avec http://www.calendrierculturel.com/

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