Gérer son stress : trucs et solutions
Par Pierre-Luc Gagnon • 28 avril 2008 à 15:37
Je dois prendre le métro à 15h, mon autobus n’est pas encore arrivé. Alors je courre jusqu’à la prochaine artère, mettant en péril mes propres artères, pour attraper un autre bus. Peut-être que celui-ci va arriver plus rapidement. Allez hop! Ah et puis, je vais prendre un taxi finalement, je dois vraiment arriver à l’heure. Tant pis si mes deux premières heures de travail sont gaspillées dans le prix du taxi. Si je ne rentre pas à temps, c’est mon salaire au complet que je risque de perdre… Et si ce n’était pas de ce trafic d’enfer! Et que dire de cette température horrible ? Je me dépêche pour synchroniser mes pas avec les feux verts, je me faufile entre les voitures qui attendent, le cœur qui bat plus vite que leurs moteurs. J’ai déjà 12 minutes de retard et une pile de trucs à faire qui pourrit sur le coin de mon pupitre, juste à côté de l’agrafeuse qui n’a même plus d’agrafes. J’irai en acheter sur mon heure de break, si j’ai deux minutes…
Si ce paragraphe d’introduction vous fait penser à votre style de vie, ne serait-ce que vaguement, vous souffrez fort probablement de stress. Ce petit mot qui comporte trois « s », comme pour nous rappeler que la vie est remplies de détours, est en train de gagner du terrain au sein de la population. Statistique Canada révèle que les Québécois sont parmi les plus stressés au pays, et la donnée est d’autant plus valable dans les grands centres comme Montréal, nous l’aurons deviné. Les moins fortunés seraient aussi nettement plus touchés par le stress que ceux qui sont plus aisés. L’argent ne fait pas le bonheur, mais selon cette réalité, il enlève certainement un poids sur les épaules des contribuables.
Le mal du siècle
L’expression « mal du siècle » trouve ses sources dans la littérature française, alors que des poètes et des écrivains de la trempe de Chateaubriand l’utilisaient, selon plusieurs interprétations, pour décrire une incapacité à se situer, dans tous les domaines. Pour le siècle dernier, les maux de dos avaient la palme du mal du siècle. Aujourd’hui, ce mal à un autre nom et une autre dimension : le stress. Ce qui rend ce problème plus sournois que les autres, c’est justement sa capacité à engendrer d’autres maux, dans un cycle qui ne semble pas avoir de fin. Le stress entraîne le manque de sommeil qui lui-même augmente le stress à son tour. Puis arrivent la déprime et la dépression qui seront bientôt contrôlés par les antidépresseurs. Le stress contribue aussi largement aux maladies cardiaques, aux mots de têtes et à la décroissance de l’humeur et du bien-être général de la société. Et on avale la pilule. C’est une roue qui tourne à un rythme que bien des gens n’arrivent pas à suivre. Dans cette métaphore, faut-il trouver le frein ou attendre que celui-ci nous trouve ?
Qu’est-ce qui est à l’origine de votre stress ?
Il peut y avoir autant de raisons à l’origine du stress que de personnes atteintes par celui-ci. Mais quelques facteurs se démarquent comme étant de principaux déclencheurs. La pression du marché du travail et l’instabilité financière sont certainement des faits à considérer dans l’entretien de la nervosité. Qu’une personne aime son travail ou non, elle peut se retrouver stressée dans le cadre de celui-ci. Ce n’est donc pas nécessairement l’intérêt envers le travail qui bouleverse, mais bien sa nature et le milieu dans lequel il est ancré. À partir du moment où les valeurs de profits et de productions dépassent celles du mieux-être de la main-d’œuvre, le climat est favorable au stress. Pour ce qui est de l’argent, il n’est certainement pas de tout repos de surveiller son compte bancaire à tous les jours, de synchroniser les revenus avec les dépenses ou de budgéter avec obsession. Ce n’est pas pour rien que l’état du porte-feuille représente l’un des plus grand facteur de stress, au Québec et ailleurs.
La notion de performance prend une place de plus en plus importante aussi, en ce début de XXIe siècle. Qu’il s’agisse de la performance sportive de l’athlète, de la performance sexuelle dans un couple ou de la performance scolaire de l’étudiant, l’exigence psychologique est toujours de mise. On vise trop souvent la perfection, se refusant la simplicité et l’accès au bonheur sans tracas.
Les grands changements et le concept de nouveauté ne sont pas des corps étrangers au stress non plus. Tout ce qui brise la routine va engendrer une prise de décision et diverses responsabilités pourront naître par la suite. On n’a qu’à penser à la naissance d’un enfant, à un déménagement, à un nouveau travail ou à l’aboutissement d’un projet d’envergure. Qui peut se vanter de ne pas être atteint par de telles choses ?
Les soucis de la vie personnelle et les interrelations peuvent également être un sacré casse-tête. C’est ce que l’on peut appeler, « les petits désagréments du quotidien ». Une chicane avec un ami, une rupture amoureuse, la situation familiale, les problèmes de la voiture, les embouteillages, les tâches ménagères… et la liste pourrait tenir sur plusieurs pages. Chaque détail qui cloche a un potentiel perturbateur à la hauteur d’une montagne pour ceux qui se laissent prendre trop facilement au jeu. Lorsqu’un seul problème fait rage, ça peut aller, mais les choses se compliquent dans le cas d’une accumulation.
D’autre part, il y a des gens qui, sans avoir de secret particulier, sont moins stressées, plus zen. Il y aurait donc une part évidente de génétique et de caractère personnel au cœur de l’enjeu. Ceux qui sont plus refermés sur eux-mêmes, qui ont moins de confiance en soi, qui sont plus timides, seraient portés à être plus stressés que les autres. Comme si la pression sociale les cloisonnait dans un monde dans lequel il ne trouvent plus leur place réelle, leur oasis de paix de l’esprit.
Des causes de stress, il y en a beaucoup. Certains diront beaucoup trop. Et il ne faut pas chercher bien loin pour en trouver encore et encore : les attentes trop élevé ou le manque de soutien de l’entourage sont deux autres agents qu’on ne peut pas négliger. Parfois, dans des cas plus extrêmes, c’est la combinaison de plusieurs des facteurs énumérés qui sont à la source du stress. Dans de telles circonstances, le combat est plus difficile à mener puisqu’il agit à l’intérieur de diverses sphères en simultané. Mais le stress, ce n’est pas qu’une question d’obstacles isolés, c’est un mécanisme complexe qui passe par une situation psychologique dérangeante qui se prolonge et qui est mal gérée par l’individu dès le départ.
Des solutions ?
Il n’existe aucune recette miracle. Il est même possible que le simple exercice de combattre le stress, pour certains, représente une source de stress supplémentaire. Et ça c’est le comble! On en vient alors à se demander quelles sont les solutions ou du moins les pistes pour y parvenir.
La première chose à faire est de se donner du temps. Oui, il y a des obligations et des engagements qui pressent, mais il faut trouver une période pour souffler dans cette folie qu’est la vie. Préférablement à tous les jours. Si c’est impossible, la première étape devient alors de rendre ça possible. Au sujet des fameuses préoccupations, un bon truc suggère de les noter sur une feuille et de la ranger par la suite. De cette façon, le poids des angoisses et la peur d’oublier repose sur le papier. Et il est beaucoup plus facile de faire le vide après coup. La tenue d’un agenda peut également permettre de faire une chose à la fois, sans se surmener, en prenant soin de se donner des échéances raisonnables.
Une fois que le temps est trouvé, de force ou non, il est avantageux de s’en servir pour identifier les moments au cours desquels le stress frappe. Connaître ses points faibles est la meilleure façon de les renforcer ou de les éliminer. Pourquoi ne pas réfléchir à tout ça devant une belle coupe de vin ou une bonne bière ? Il est prouvé que l’alcool consommé modérément, sur une base quotidienne même, tend à réduire la tension. Ce qui est bon pour le cœur est bon pour le stress. Il n’est pas forcément nécessaire de se lancer dans les grandes démarches de méditation et de yoga pour trouver le calme, bien que les adeptes y trouvent aussi leur compte. Il suffit de trouver ce qui est bon pour nous. C’est tout!
Une autre règle d’or : il faut prendre soin de sa personne. Une bonne alimentation, un sommeil suffisant et un peu d’exercice ne peuvent pas nuire. La santé physique a des répercussions directes sur la santé psychologiques. Et tout est relié : Il faut bien manger pour bien dormir. Il faut dormir pour avoir de l’énergie et bouger. Il faut bouger pour ne pas s’enfoncer dans l’inertie et le stress.
Dans un monde paradoxal où l’on boit un café pour relaxer, où l’on perd du temps à essayer d’en gagner, le stress installe confortablement sa niche. À trop vouloir, on ne peut plus. À ne plus pouvoir, on ne veut plus. Mais trêve de bavardage, j’ai un autobus à prendre…
Par Pierre-Luc Gagnon
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Bravo pour l’article, c’est vrai que le stress est très nocif et malheureusement trop répandu de nos jour… si tout le monde prenait le temps de vivre, bien manger, bouger et dormir, moi je n’aurais plus de patients à soigner car nous serions pratiquement tous en excellente santé!
C’est tout un travail que tu as fait là! C’est vrai que le stress est vraiment mauvais lorsqu’il y en a trop et mal gérer. Tes informations me font penser à mon cours de relaxation du cégep, c’était un mauvais moment à passer!