« La fête sauvage » à La Licorne
Par Dominique Fortier • 1 avril 2009 à 19:40De la sensibilité, de l’humanité, de l’humour et des malaises; voilà comment on pourrait résumer La fête sauvage en quelques mots. La sensibilité dans le thème du suicide abordé surtout au travers des personnages de Rod (Simon Rousseau) et Burn (Renaud Lacelle-Bourdon) qui vivent difficilement la mort de leur grand copain. L’humanité miroitée par les deux Martines (Sandrine Bisson & Rose-Maïté Erkoreka) qui incarnent le mal de vivre, le désespoir et le besoin d’être aimé. L’humour qui se traduit dans la poésie québécoise rurale de l’auteur Mathieu Gosselin qui a pris le pari audacieux de mêler dialogues réalistes et métaphores parfois sombres mais souvent délicieuses. Également le personnage de Mabel (Anne-Marie Levasseur) qui multiplie les répliques toutes aussi savoureuses que cinglantes.. Et les malaises que l’on ressent face à la triste réalité du couple de Minou et Minoue (Sébastien Dodge et Lise Martin) qui vivent ensemble deux solitudes.
Dans cette pièce brillamment mise en scène par Claude Poissant, on s’interroge sur la vie après la mort d’un proche, d’un être cher. Malhabilement, chaque personnage vit à sa façon son deuil, que ce soit en enterrant les cendres de son bien-aimé le jour de son anniversaire ou en buvant une dernière bière avec ce qui reste de leur ami. Le sujet est lourd, les personnages abîmés mais le texte regorge d’un belle richesse tant au niveau des images qu’il procure au public qu’à son langage cru et poignant. Difficile de ne pas rire et être touché à la fois.
Même s’il est particulier de s’adapter au style de Gosselin au début, on embarque assez joyeusement dans son délire au fur et à mesure que la pièce avance. Un texte qui reflète comment l’humain est impuissant face à un acte aussi insensé qu’un suicide. Des comédiens qui livrent des performances touchantes et vraies et une mise en scène rythmée qui ne laisse pas le temps au public de s’ennuyer. Une belle petite création originale.
La fête sauvage
Au Théâtre La Licorne
Du 31 mars au 25 avril 2009
Par Dominique Fortier
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J’avais vu cette pièce à sa création (en 2006, je crois). Si ma mémoire est bonne, c’était la même équipe de comédiens et de metteur en scène. J’avais bien aimé le texte et le jeu nuancé des interprètes. C’est une bonne pièce mais il y manque peut-être la petite étincelle qui fait la différence entre un bon spectacle et un excellent spectacle… De toute façon, La Licorne reste – et de loin – mon théâtre montréalais favori, autant pour l’atmosphère intimiste de la salle que pour son répertoire.