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V for Vendetta : Une vengeance vive et bien livrée (2005)

Par • 1 mai 2007 à 17:11

La Grande-Bretagne, dans un futur plus ou moins loin, est soumise à un gouvernement totalitaire. Le chancelier Adam Sutler (John Hurt) étend son emprise à toutes les sphères de la société, si bien que les citoyens sont plongés dans un monde de peur. Vient alors un personnage se proclamant dans la lignée de Guy Fawkes, un justicier du XVIIe siècle qui a essayé de faire exploser le Parlement. Ce personnage masqué, V (Hugo Weaving), utilise des stratagèmes terroristes afin de faire triompher la liberté et ainsi renverser le régime politique en place. Par la force des choses, Evey (Natalie Portman), une jeune citoyenne ordinaire, deviendra l’associée insolite de ce terroriste distingué.

 

V for Vendetta est un film qui se place tout à fait dans cette plage d’œuvres regroupant des visions critiques de l’avenir tel que 1984, Brave New World ou Clockwork Orange. Il y a même des bases historiques évidentes : le chancelier Sutler pourrait faire un très bon Hitler contemporain. Sa manière de délivrer les discours, son attitude, sa mainmise sur le pays de même que le terme de « chancelier » évoquent de tristes souvenirs allemands. Or, on ajoute à tout cela un élément « superhéros » en V qui vient bouleverser la morale habituelle. En effet, ce personnage — plutôt bien développé et attachant, il faut l’avouer — se range du côté des terroristes pour combattre le gouvernement en place. Il fait sauter des édifices symboliques, il se bat pour la liberté, il force les médias à diffuser son message. Ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Ajoutez-lui une barbe et un turban et on jurerait voir Ben Laden (en meilleure forme physique, certes, mais Ben Laden quand même). Bref, on va à l’inverse de la morale américaine traditionnelle, mais l’aspect binaire est encore présent. Il est seulement inversé. V est un homme cultivé, distingué, un porteur de valeurs de démocratie et de liberté, tandis que le gouvernement est contrôlant à l’excès, menteur et lâche.

 

La réalisation de V for Vendetta rappelle celle de The Matrix. Les frères Wachowski ont fait tout un travail dans l’aspect visuel du film. L’ambiance sombre, les prises de vue truffées de symboles, le « bullet time » à couper le souffle… Les acteurs aussi ne donnent pas leur place. Hugo Weaving, masqué du début à la fin, est excellent dans le rôle de V. Son jeu ressemble par moment à son personnage de l’agent Smith, mais avec un tantinet d’humour en surplus. Natalie Portman est fidèle à elle-même : elle expose son large talent sans retenue, allant même jusqu’à endurer une coupe de cheveux de type André Agassi. Et si vous vous le demandez, oui, elle réussit tout de même à être sexy sans un poil sur la tête. Je vous le recommande. Le film, pas la coupe.

 

****½

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2 Réponses »

  1. Un film que j’ai bien aimé, tant pour son action que son côté « ce que ça pourrait être dans un futur proche » et l’idée de gouvernement totalitaire, avec le Chancelier. Un film qui devrait vous faire passer par un grand nombre d’émotions différentes.

  2. Voici ma critique du film publié sur un autre site:

    Sans doute suite aux critiques acerbes qui leur ont été adressées devant la manière dont ils ont conclu leur triptyque « THE MATRIX », les frères Wachowski ont décidé d’y répondre en adaptant un roman graphique culte connu pour son propos politique révolutionnaire face à la montée de la droite et de l’extrémisme dans les régimes démocratiques. Ils ont néanmoins confié la mise en scène à un de leurs assistants et amis, James McTeigue, bien qu’il apparaisse évident qu’ils ont conservé le contrôle complet sur la création artistique du film. Le scénario et la conception visuelle tirent profit avec adresse des échos de l’actualité et du climat de paranoïa qui sévit actuellement dans les sociétés occidentales face aux inégalités économiques et la progression croissante de la privatisation et de la mondialisation. À l’intérieur de cette dystopie futuriste plutôt noire, les auteurs en profitent pour se livrer à un jeu de massacre puissamment iconoclaste visant à tuer la symbolique du pouvoir et le mythe que les gens s’en font en faisant habilement référence à des événements historiques réels. De ce fait, les sigles et les décors du film font figure de métaphores démolies ou renversées pour mieux souligner l’allégorie anarchique du propos (ex. le symbole de V est celui du symbole de l’anarchie inversé). La conclusion positive du récit s’avère en adéquation parfaite avec la volonté de changement affirmée durant tout le long-métrage et risque fort de satisfaire les fans de cinéma avides aussi de liberté et d’engagement, surtout que les scènes d’action (qui délaissent l’esthétique de « THE MATRIX ») font contraste avec le cynisme et l’impuissance généralisée qui a cours présentement chez les citoyens. Les personnages sont bien rendus à l’écran par les acteurs, surtout Hugo Weaving qui est magnifique malgré les limites imposées par le port d’un masque sur la figure pendant toute la durée du film, mais ils manquent un peu de chair par rapport à la BD d’origine. Ce n’est toutefois qu’un maigre défaut par rapport à l’extraordinaire qualité d’ensemble de ce film réussi que vous vous devez de visionner sans plus attendre.

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