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ÉditorialPuisqu'il y a des choses qui doivent être dites, aussi bien les dire avec une verve franche et directe. Des sujets chauds, traités vivement sans trop de fioritures.

Un peu plus riche

Par • 1 mai 2008 à 10:41

Et voilà ! À partir d’aujourd’hui, les gens qui gagnent le moins dans notre société auront jusqu’à vingt dollars de plus par semaine (avant impôt et déductions diverses) à se foutre dans les poches. Vingt dollars ! Avec cette pluie soudaine d’abondance, on espère que ces travailleurs à rabais, ces membres de la société au rayon des soldes vont enfin se calmer et ravaler leur envie de se mettre sur le BS ou pire, de se syndicaliser. Bref, on vient de leur lancer quelques 25 cennes, qu’ils se la ferment maintenant.

 

Je suis de ceux qui croient que si l’on ne veut pas d’un travail mal payé où l’on est malheureux, si l’on souffre de notre manque de culture et d’éducation, eh bien il faut se forcer pour que ça change. Et je crois aussi qu’il faut de ces gens qui prennent des chemins différents, et qui finissent par occuper des emplois plus simples ou plus primaires, et qui ne s’en portent pas plus mal pour autant, et surtout qui ne sont pas des personnes de moindre valeur malgré tout. Il faut aussi prendre en compte que les employeurs ne peuvent pas logiquement et financièrement soutenir une brusque montée du salaire minimum. Un bond vers les onze et douze dollars de l’heure d’un jour à l’autre serait un suicide économique.

 

Par contre, il y a des limites à prendre les gens pour des cons. Le salaire minimum est bien loin de surpasser la hausse du coût de la vie (cette nouvelle augmentation ne servira même pas à couvrir celle sur les prix du carburant), alors en quelque part, on peut dire de façon assez sûre que les cinquante sous de l’heure supplémentaires que monsieur Charest et sa bande imposent aux employeurs du Québec, ne suffiront pas à combler l’écart grandissant entre les plus riches et les plus pauvres.

 

Autre chose : arrêtons de faire des comparaisons douteuses. De prétendre que le pourcentage d’augmentation d’hier est de 6.25% pour les travailleurs au salaire minimum (cinquante cents sur huit dollars). Quelqu’un qui travaille quarante heures va donc gagner vingt dollars de plus, et pas besoin d’avoir la tête à Papineau pour savoir qu’une augmentation d’un seul pourcent sur un salaire de soixante mille dollars par année représente bien plus, en « argent sonnant ». On peut arrêter de se mesurer à côté de l’Ontario aussi, comme si le seul but de ces augmentations était de les rattraper sur ce que l’on donne aux moins bien nantis de nos travailleurs, comme si c’était seulement une question de fierté provinciale.

 

Les entreprises qui offrent le salaire minimum ont eu leur mot à dire, dans les 15 à 20 dernières années, pour freiner un tant soit peu la montée du salaire minimum. Maintenant, il est temps de passer en vitesse supérieure. Parce que sinon, on se retrouve avec une société qui verra de plus en plus le fossé social se creuser, ce qui est l’équivalent de perdre du terrain, de retourner en arrière. Or, si l’on regarde en arrière, dans notre passé, on remarque que ce genre de situation a débouché sur la création de méga-syndicats aussi gourmands que leurs patrons, des grèves à n’en plus finir, et une population qui proteste et qui réagit. Parfois violemment.

 

Alors, on fait quoi ? On continue à lancer quelques trente sous à cette classe d’employés québécois une fois de temps en temps, en espérant que les demandes au BS vont diminuer d’elles-mêmes, ou on planche sur un réel plan d’action pour enrayer cette évidente injustice ?

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2 Réponses »

  1. Ça demeure l’augmentation la plus grande des 30 dernières années… Sauf que c’est clair que ça ne change pas une vie. Mais c’est mieux que rien (même si cette expression représente l’acceptation de son sort sans maugréer).

  2. C’est sûr que c’est la plus grande en trente ans, en 1978 cinquante cents ça équivalait à 3 ou 4 dollars aujourd’hui. En terme de ratio, l’amélioration est vraiment minime. Et si on indexait le salaire minimum à la moyenne de pourcentage des profits des entreprises basées au Canada ?

    Et je crois aussi que le « mieux que rien » est révolu, ou plutôt qu’il devrait l’être. Maintenant que notre société connaît une certaine forme de « confort », un certain seuil tolérable, on cesse d’évoluer, on dirait.

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