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Mouawad et Cantat : la tornade du dilemme

Par • 4 avril 2011 à 16:20

Peut-être que je parle à travers mon chapeau, mais je ne crois pas pouvoir arriver à une opinion tranchée à la fin de ce billet.

Pour une version d’une pièce de théâtre du tragédien grec Sophocle, Wadji Mouawad travaille avec Bertrand Cantat, l’ex-chanteur du groupe Noir désir, qui a fait de la prison pour avoir « été reconnu coupable de la mort de la comédienne Marie Trintignant en 2003 ». Selon Lorraine Pintal, « ils sont devenus des amis ».

Nous sommes bien sûr dans le registre de la tragédie. Et, à la base, il faut prendre en ligne de compte que le chanteur n’a pas été condamné à la peine de mort pour son crime. Alors, on en vient à se demander si la condamnation, par plusieurs, de sa vie artistique, n’est pas un moyen de pallier une Justice qui leur serait trop clémente…

Là est toute la question de la réhabilitation. Est-ce qu’un menuisier reconnu coupable de meurtre pourra refaire et vendre des meubles à sa sortie de prison? Sûrement que oui, étant donné le caractère beaucoup plus anonyme de son travail, comparé à un chanteur ou tout autre « métier » public.

Mais d’un autre côté, quand on sait, on ne peut pas faire comme si on ne savait pas. Moi, en tant que DJ, j’ai encore de la difficulté à jouer « Le vent nous portera » de Noir désir, même si c’est une pièce que j’adore. Je ne peux pas l’écouter non plus pour mon bon plaisir, puisque je ne fais que penser à son crime. Mais bon, l’émotion et la musique sont tellement liées, ça ne doit pas tellement aider.

Cependant, je me demande, est-ce qu’on voudra revoir Jean-François Harrisson à la télé s’il est reconnu coupable? Dans le fond, quel que soit le verdict, j’en doute fortement.

Mais peut-être que je fais une erreur en tombant ainsi dans la généralité. Tuer sa femme ou posséder/distribuer de la pornographie infantile n’est pas la même chose, et pour la Justice, et pour les gens. J’en suis moi-même la preuve : je ne suis vraiment pas certain que je serais contre la peine de mort pour les pédophiles actifs. Et pour un gars comme Jean-François Harrisson trouvé coupable, je serais très fâché qu’il récolte une sentence bonbon (ce n’est même pas une tentative de jeu de mots…).

Par contre, pour ce qui est de Bertrand Cantat, on peut toujours classer son crime dans la catégorie « passionnelle », même si ça ne pardonne rien. Pour la plupart, il sera toujours plus un tueur qu’un artiste. Il continuera donc de payer de sa vie. Sa dernière chance est que la mémoire collective s’efface avec le temps.

Lire le texte original sur le blogue de Renart Léveillé

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