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Chronique classiques du cinéIl y a de ces films inoubliables. De grands réalisateurs au grand écran... du grand cinéma pour de grands moments!

L’Héritier : l’ancêtre de Largo Winch (1973)

Par • 14 novembre 2011 à 11:52

Avec les sorties récentes sur DVD de la suite de WALL STREET d’Oliver Stone et des deux films français inspirés de la bande dessinée LARGO WINCH réalisés par Jérôme Salle, il faut croire que le monde de la finance exerce un certain attrait actuellement dans le paysage cinématographique. Il y a de cela presque 40 ans sortait un film nommé L’HÉRITIER sur ce milieu dont le scénario nous rappelle justement LARGO WINCH, et qui mettait en vedette le célèbre Belmondo.

Suite à la mort de son père au cours d’un accident d’avion, Bart Cordell quitte les États-Unis pour revenir en France afin de prendre pour héritage la direction de l’empire financier familial. Il a l’intention d’apporter des changements à plusieurs endroits, notamment au contenu et à l’information d’un magazine dont il est l’éditeur en même temps qu’il veut visiter ses usines pour en vérifier la productivité et les méthodes de travail. Bien qu’il soit marié, Bart jette parfois son dévolu sur d’autres femmes comme sa secrétaire Liza.

C’est alors qu’il apprend que la mort de son père n’était pas accidentelle, et il met alors tout en oeuvre avec les moyens financiers dont il dispose pour retrouver les responsables de cet assassinat. Il découvre avec surprise que son beau-père en est le principal responsable, un puissant hommes d’affaires dirigeant un parti politique néo-fasciste en Italie. Bart essaie alors de mettre son fils en lieu sûr, surtout qu’il ne fait plus confiance à sa femme, tout en réunissant les preuves de la félonie de son beau-père à des fins de publications dans son magazine. Des tueurs sont cependant sur ses traces.

Grâce à des réalisateurs comme Yves Boisset et Costa-Gavras, le cinéma à caractère socio-politique a pris beaucoup d’ampleur en France dans les années 70. Avec sa formation et son métier de journaliste et de romancier, il était évident qu’un réalisateur comme Philippe Labro ne pouvait passer à côté d’un tel genre.

Ne craignant pas le remplissage, il brasse un sujet d’une matière riche en problèmes socio-politiques, financiers et psychologiques en les abordant sous l’angle du thriller policier. Le film contient donc beaucoup de matériel à ingurgiter, mais pourtant l’ensemble ne s’alourdit jamais sous le poids du contenu car le spectateur n’a aucun mal à suivre l’intrigue avec intérêt grâce à une mise en scène adroitement fignolée.

Avec une intrigue aussi dense, on comprend que l’auteur cherche à souligner, dans les enjeux dramatiques de son histoire, la puissance symbolique du pouvoir financier à divers niveaux: politique, médiatique et ouvrier. Ce qui en ressort semble être une grande difficulté de ce milieu à s’humaniser davantage et à s’affranchir du Dieu Argent, malgré les efforts du héros et héritier pour changer les choses en son coeur.

Les décors autant extérieurs qu’intérieurs sont luxueux à souhait et très appropriés à ce type de récit. La musique est bonne, et malgré l’absence de violence (sauf vers la fin), ce long-métrage possède un rythme alerte qui nous empêche de sombrer dans une profonde apathie.

Le jeu des acteurs contribue d’ailleurs beaucoup à la grande qualité du résultat, particulièrement celui de Belmondo qui compose avec prestance et pour une rare fois de manière sobre, son personnage de jeune financier conscient de ses responsabilités sociales, à la manière d’un précurseur de LARGO WINCH justement. Sa partenaire, l’italienne Carla Gravina est la fois ravissante et talentueuse dans le rôle de la secrétaire.

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