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Les beaux dimanches : les pièges cachés de la réussite (1974)

Par • 29 février 2008 à 12:00

Considéré à juste titre comme l’un de nos plus brillants dramaturges, Marcel Dubé a toujours su décrypter l’âme d’individus perturbés. Qu’ils soient en rébellion (Zone), en réinsertion sociale (Un simple soldat) ou à la recherche d’amours interdites (Florence), la majorité des personnages qui composent son œuvre sont envahis par une incurable amertume. Les beaux dimanches ne fait pas exception; Dubé y illustre aussi avec éclat le proverbe « L’argent ne fait pas le bonheur ».


La vibrante transposition cinématographique de cette pièce débute par la remise d’une distinction à l’homme d’affaires Victor Primeau (Jean Duceppe) par le Club des progressistes de la rive sud. Entouré de ses confrères et amis, Victor songe au parcours qui l’a mené à la reconnaissance de ses pairs. L’essentiel du film est d’ailleurs concentré dans ce flashback révélant que, derrière toute réussite, se cache sournoisement un épouvantable mal de vivre.


Un dimanche matin, à peine quelques heures après une longue nuit arrosée à satiété en compagnie d’amis, Hélène (Catherine Bégin), la conjointe dépressive de Primeau, lui signifie son malaise. Étourdi par son appétit de luxe et de richesses, son époux demande à Hélène, en haussant le ton, ce qu’elle pourrait bien vouloir de plus que leur splendide demeure et leur réussite sociale. Cette violente dispute échoue, abrégée par l’arrivée soudaine des collègues de beuverie de la veille. En voyant se matérialiser sous nos yeux cette parade de couples désassortis, on ne peut que les plaindre de rechercher dans l’alcool et le sexe un exorcisme à leur triste sort de parvenus. On devine vite que le party de la veille reprendra… et de plus belle ! Comme si ça ne suffisait pas, la fille de Victor et d’Hélène (Louise Portal) découche avec un étudiant et se retrouve enceinte.


La force de ce long métrage – un peu déprimant, est-il nécessaire de le préciser ? – réside dans les dialogues percutants livrés par une galerie de comédiens d’expérience (dont les regrettés Yvon Dufour et Luce Guilbeault) qui épatent par leur naturel. Si certaines séquences nous font rire, elles n’arrivent pas à masquer totalement la détresse qui émane du scénario.


Parmi les éléments les plus célèbres de cette production, soulignons le décoiffant striptease de Denise Filiatrault ainsi qu’une prouesse impressionnante de Gérard Poirier, habituellement cantonné dans des rôles infiniment plus sages. Quant à Catherine Bégin et Louise Portal, elles incarnent avec une admirable justesse l’épouse et la fille outragées par la vaine accumulation de biens matériels qui empoisonnent, lentement mais sûrement, leur quotidien.


Adéquatement emballé d’une musique enivrante de Claude Léveillée, Les beaux dimanches vient tout juste de sortir sur DVD. Regardez-le attentivement : il nous oblige à réfléchir sur le bien-fondé des apparences, symbole éhonté de réussite pour certaines classes sociales. Un film québécois méconnu, à découvrir (ou à revoir) absolument !

 

Cet article est publié en collaboration spéciale avec http://www.calendrierculturel.com/

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