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Le Labyrinthe de Pan (2006)

Par • 18 janvier 2007 à 22:29

Sur l’écran disparaît la dernière image du film, la salle obscure est silencieuse, le générique de fin commence, un ou deux pseudo applaudissements qui s’évanouissent rapidement comme l’écho dans le vent, les gens se lèvent, les mots se font rares. Je tends quand même l’oreille autour de moi pour tenter de capter ce que mes voisins en pensent puisque je ne sais moi-même quoi dire et j’entends des  « hum, je ne sais pas », « je ne sais pas si j’ai aimé ça », « je n’ai pas détesté ça mais… » et des « c’est spécial en tout cas ». J’ai quitté la salle sans une parole, j’ai pris le métro en me disant que j’avais une heure pour y penser alors voici ce que j’en pense.

 

Je ne sais pas comment ils ont fait pour choisir la catégorie de ce film car il pourrait tout autant être un drame, un fait vécu, un film fantastique ou même un conte pour enfants. Ce film était tout, sauf une comédie car les seuls rires que j’ai entendus dans la salle ont surgi lorsque les scènes de violence gratuite finissaient par nous faire fermer les yeux ou par nous faire rire… rire jaune. Par contre, ce film ne pouvait pas être classé uniquement dans une de ces catégories parce que le « Dobby » du Labyrinthe de Pan avait l’air tout droit sorti du film « Décadence ». Pour chacune de ces catégories, on aurait pu en faire un film individuel et il y aurait eu assez de bagage intéressant pour sous-diviser tous les débuts d’histoires qui semblaient s’entrecroiser dans ce film.

 

Je serai crue, car c’est ce qu’est Le labyrinthe de Pan. Sous un titre qui évoque un conte fantastique se cache… un conte fantastique au milieu d’une épopée espagnole dirigée par un tyran sans pitié où la violence prend toute la place et, où tant qu’on a pas tiré quatre balles dans la tête d’un mort, on n’est toujours pas convaincu qu’il est mort. Surtout, il est important de voir le corps rebondire quatre fois sous le coup des balles, et il est encore plus primordial de voir les lambeaux humains s’étendre gracieusement sur le sol. Vous pensez que c’est choquant? Ça l’est ! Mais si je n’avais pas vu ça, je vous aurais peut-être dit que ce film était trop léger, dénudé et insipide. Au lieu de cela, plusieurs émotions me traversent au moment où j’écris ces lignes, parce que je ne sais toujours pas si j’ai aimé ce film ou si je l’ai détesté.

 

Je vais terminer là où j’aurais dû commencer, c’est-à-dire avec une brève description du film. Ofélia doit suivre sa mère remariée et enceinte de son nouveau mari dans la maison de ce dernier où elle ne se sent pas à sa place. Lors de songes, ou de réalité, (à nous de décider), elle rencontre Pan qui lui raconte qu’elle est une princesse oubliée et que si elle accompli trois défis, elle retrouvera son trône et ses parents.

 

Quelle est la morale de cette histoire? Le méchant mourra et tout le monde vivra heureux ? Ofélia redevint princesse et retrouva ses parents?  Les rebelles eurent la peau du méchant tyran ? On dirait qu’on nage dans une incertitude où il est impossible de trancher. Le film n’était ni bon, ni ennuyant et je n’ai pas regardé ma montre des quelque deux heures qu’a duré le film. Le film n’était ni triste, ni joyeux, ni ordinaire, ni extraordinaire. Est-ce que je vous suggère d’aller voir le film ? Je ne le sais toujours pas!

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4 Réponses »

  1. On dit qu’il s’agit d’un conte fantastique… essentiellement pour adulte. Ce paradoxe semble être porteur de ce que le film véhicule, du moins selon ta critique évasive 😉

    Tiens donc, je ne sais pas si j’ai envie d’aller le voir. C’est normal ?

  2. On ne peut le contester : l’aspect visuel de ce film impressionne fortement. Toutefois, je n’ai pas « digéré » la lourdeur du scénario qui s’éparpille maladroitement dans un exercice de style qui tourne un peu à vide. Ceci dit, tous les acteurs sont excellents. À mon avis, « L’Échine du diable » (du même réalisateur et disponible en DVD) était de beaucoup supérieur au « Labyrinthe de Pan ».

  3. Même après avoir pris un recul de quelques jours, je n’arrive toujours pas à me faire une idée claire sur le Labyrinthe de Pan. Chose certaine, ce film ne m’a pas laissée indifférente. Voir défiler pendant deux heures de la violence gratuite, entrecoupée de scènes fantastiques un peu plus enfantines, ne peut que me décrocher une grimace. Ça jure. L’idée générale est bonne mais, selon moi, mal exploitée.

    Il me semble que lorsque l’on donne un titre à une oeuvre, il doit être représentatif de l’ensemble de celle-ci. Dans le cas du Labyrinthe de Pan, c’est plutôt le contraire. Les trois épreuves imposées par Pan à Ophélia semblent être une trame secondaire, égarée parmi une histoire de guerre et de pouvoir entre un tyran, dirigeant militaire, et le peuple qui se rebelle contre lui.

    Malgré tout, je ne suis pas sortie de la salle entièrement déçue. J’ai réussi à croire au personnage. Oui, je voulais savoir si Ophélia allait réussir sa quête. Oui, j’ai éprouvé de la compassion pour la mère. Oui, je désirais ardemment que le tyran mange sa volée. Le jeu des acteurs n’était donc pas dénué de talent. Un bon point pour ce film qui, sans ces émotions, ne serait qu’une autre boucherie cinématographique.

    À vous maintenant de vous faire votre propre opinion. Coeur sensible s’abstenir.

  4. Je suis d’accord avec toi, Julie, quand tu affirmes que lorsqu’on donne un titre à une oeuvre, elle doit être représentative de celle-ci. Or, je crois que le problème ne se situe pas dans l’intrigue parallèle à l’histoire d’Ophélia, mais bien dans la traduction du titre même. À ce que je sache, « El laberinto del fauno » se traduit par « Le labyrinthe du faune » et non « Le labyrinthe de Pan ». Un faune et Pan ne sont même pas dans la même mythologie.
    Mise à part cette petite erreur de traduction, le film est excellent. Ambigu, mais excellent­.

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