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ÉditorialPuisqu'il y a des choses qui doivent être dites, aussi bien les dire avec une verve franche et directe. Des sujets chauds, traités vivement sans trop de fioritures.

Le déclin

Par • 24 septembre 2009 à 7:00

Ça y est. Le voisin gênant et bruyant est en perte de vitesse. Hier, le président Barack Obama a prononcé un discours, que dis-je, presque supplié ses homologues à l’Assemblée Générale de l’ONU en prêchant une union mondiale sur les dossiers chauds qui accablent la planète, particulièrement ceux de l’Iran et de la Corée du Nord. En fait, Obama tente de faire, avec plusieurs années de retard, ce que son minable prédécesseur aurait dû faire déjà avec empressement, si possible même avec l’occasion en or que constituait les attentats du 11 Septembre : colmater la brèche grande ouverte du déclin de la dernière superpuissance de ce monde, en appelant ses alliés en renfort, d’égal à égal.

Pour la première fois de ma vie, je suis pessimiste. Juste un brin. Le mur de Berlin qui s’écroule, voilà tout près de vingt ans, je m’en souviens. La première guerre du Golfe, cette marche de santé en pleine tempête du désert, aussi. Puis la chute enivrante de l’ours soviétique, la guerre civile en ex-Yougoslavie, la Tchétchénie, le Kosovo. Merde, je me souviens même du retrait des troupes soviétiques d’Afghanistan en plein chaos, et la fin de la guerre Iran-Irak, en 1988. Tous ces événements marquants, pour le meilleur ou pour le pire, semblaient être le début ou la conclusion de quelque chose. En 2009, au contraire, on semble être en attente, entre deux explosions.

L’Iran s’amourache du nucléaire, et Israël se prépare à une réplique (ou une attaque préventive, comme d’habitude) si leurs ennemis vont de l’avant ; la Corée du Nord joue avec les nerfs du monde entier, alternant gestes de bonne volonté et essais nucléaires près du Japon ; l’Afghanistan n’a jamais été aussi instable, tout comme l’Irak, alors que l’Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires voisines, continuent de se regarder avec des couteaux dans les yeux au-dessus du Cachemire. L’attention médiatique étant pratiquement disparue depuis Beijing 2008, la Chine continue tranquillement sa répression dans le coin d’Urumqi et du Tibet, alors que l’Amérique centrale montre des signes d’instabilité tangibles pour la première fois depuis la chute de Noriega en 1989. Sans compter l’extrémisme religieux qui prend de la vigueur non seulement au Moyen-Orient (les islamistes, ou fous d’Allah), mais aussi au pays de l’Oncle Sam (les fous de Dieu et les ultra-conservateurs).

Tout ça pendant que les États-Unis sont frappés de plein fouet par une crise économique record, et que ses alliés font la moue, peut-être un peu avec raison après la période Bush qui vient de se terminer. Les autres puissances militaires et économiques (Russie, Brésil, France et Allemagne entre autres), mettent des conditions qui retardent la réponse qui devrait prévaloir face à cette série de situations qui risquent de changer le monde à jamais, et pour le pire. Personnellement, je ne suis pas prêt non plus à baiser le cul des US of A sans réfléchir, mais je préfère faire affaire avec eux que de dealer avec des Talibans ou des Nord-Coréens munis d’ogives nucléaires pointées sur nos villes à distance. Entre Ronald McDonald et un terroriste à l’intellect limité, je choisis le roi du Big Mac.

On dirait que le monde est redevenu un baril de poudre, mais que cette fois-ci (contrairement à l’époque bénie, en comparaison, de la guerre froide), plusieurs joueurs ont une allumette dans les mains, et trop peu à perdre. Au moins, au temps de Khrouchtchev et Kennedy, il suffisait qu’un des deux fasse marche arrière ; maintenant, trop de malades dans leur forteresse peuvent faire un finger à la planète et appuyer sur le bouton. Suis-je seulement devenu trop vieux, trop blasé et trop chicken pour voir le beau côté des choses dans tout ça, ou ai-je raison de m’inquiéter qu’il n’y ait peut-être pas de happy ending cette fois-ci, que le déclin de nos voisins (et donc un peu notre propre déclin) prenne de la vitesse et devienne irréversible ? Tout dépend de ce qu’Obama, son légendaire charisme et son côté rassembleur auront pu rassembler comme engagements. C’est bien peu, en 2009.

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3 Réponses »

  1. Tu fais le tour d’un paquet de sujets sans aboutir avec un gros texte lourd. Bravo pour le tour de force.

    Mais j’ai de la misère à être autant alarmiste que toi. Tu le dis toi-même avec tes diverses références passées : nous sommes en état d’alerte depuis plus de 20 ans, parfois par temps morts, parfois par temps de crise. Le fait qu’il y ait plus de «malades» en contrôle de la situation pourrait aussi avoir l’effet diluer la menace (who knows?).

    Ne me dis pas que tu anticipes la fameuse World War III que plusieurs ont prédis à tort lors des dernières décennies?

  2. Je ne l’anticipe pas, mais il semble y avoir tellement de feux allumés partout que je ne vois pas comment ça pourrait se terminer bien gentiment, cette fois-ci. Mais bon, j’imagine que le monde libre n’était pas exactement à l’aise avec les victoires nazies et nipponnes vers 1941-42, et pourtant ça s’est bien terminé (d’une certaine façon). Oui, pour la première fois de mon vivant, je ne vois pas vraiment comment on pourrait s’en tirer sans une « vraie guerre » cette fois-ci (contrairement aux guerres du Golfe et aux conflits isolés). Et quand on sait comment les armes nucléaires ont évolué depuis leur première utilisation…

  3. Il est vrai que l’arrivée d’Obama s’est fait tardivement. Trop tardivement. Les 8 années de Bush à la Maison Blanche ont été extrêmement dommageables pour les États-Unis. Je souhaite un revirement des choses mais force est d’admettre qu’il est peut être un peu trop tard. Comme vous l’affirmez cher collègue, ça pète de partout. On semble se foutre de plus en plus des organisations mondiales et à l’exemple des US of A lors de la dernière guerre en Irak, on dirait que tous les despotes de notre époque semblent croire qu’ils ont le gros bout du bâton. Et dans certains cas, ce n’est pas faux puisqu’il suffit d’appuyer sur la gachette et le monde entier changerait à jamais. Oui il y a lieu de s’inquiéter. Est-ce Obama qui va réussir à calmer tout ce beau monde-là? Pas certain mais au moins il a le mérite d’essayer. Pour le reste, ce n’est plus entre nos mains. Négocier avec des fanatiques sanguinaires, ça donne rarement de bons résultats…

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