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Le bruit des os qui craquent

Par • 29 avril 2009 à 10:03

L’auteure jeunesse Suzanne Lebeau n’a jamais hésité à aborder un thème délicat parce qu’elle ne prend pas les enfants pour des cons. Semblerait-il que sa dernière œuvre plairait davantage aux enfants qu’aux adultes : les plus jeunes souhaitent que Joseph retrouve son village et que le cœur d’Elikia s’assouplisse au contact du jeune homme, tandis que les adultes sont sonnés une fois de plus par l’atrocité de la guerre et de l’homme qui la pratique. Peut-être aussi que le spectateur adulte voit mal comment cette pièce pourrait apporter un point de vue nouveau, sinon une voix de plus – non négligeable, certes – dans le grand concert plaintif des maux modernes qui nous grugent. Parce que Le bruit des os qui craquent est exempt de fantaisie et/ou de poésie qui nous auraient fait décoller de la réalité. Il n’y a pas matière à rigoler et, encore moins, à s’amuser.

Un enfant-soldat paraît avoir dix ans de plus de par ce qu’il a raté de sa jeunesse. Tant et si bien qu’on ne sait pas si c’est Émilie Dionne qui est trop mature pour le rôle d’Elikia ou si c’est personnage qui a été endurci trop vite par la vie. Les frontières sont floues et le public reste en retrait du récit, témoin impuissant et assommé par les faits. La comédienne Lise Roy est sans nul doute une interprète sensible, mais ses interventions professorales en infirmière digne mais dépassée par les événements se cantonnent dans un ton un brin trop didactique. Entre présent et passé, la pièce alterne entre la lumière crue du témoignage livré devant les membres d’une commission d’enquête que forment symboliquement les spectateurs et l’éclairage plus tamisé de la relation entre les deux enfants (é)perdus d’amour, confinés tout du long derrière un voile qui rajoute à l’effet du quatrième mur.

La production est honnête, sobre pour ne pas dire sage, investie d’une intégrité indéniable, mais pour une force de frappe plus convaincante, il faudra tout simplement sortir de la salle, dans le hall du Théâtre d’Aujourd’hui, et se plonger dans l’exposition photo et témoignages d’une ancienne enfant-soldat africaine.

Pour obtenir une autre vision de la pièce, cliquez ici.

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