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La Mouette de Tchekov au TNM par Yves Desgagnés

Par • 9 mars 2007 à 19:35

C’est l’histoire de Costia, un jeune auteur de théâtre nouveau genre. Lors d’une journée chaude à la campagne, Costia organise un spectacle près du lac pour les membres de sa famille et pour ses amis. C’est son premier spectacle avec une actrice et quelques effets spéciaux. Costia est nerveux de faire découvrir ses écrits aux gens qu’il aime et il a très peu confiance en son talent. Voilà donc comment se passe l’entrée en scène de la pièce La mouette d’Anton Tchekov.

 

Costia est affublé d’un entourage plutôt disparate qui tour-à-tour viennent s’exposer sous leur vrai jour. Tout d’abord, il y a la mère de Costia, une actrice fidèle du théâtre traditionnel. Elle est riche, avare et dénigre avec dédain les premiers pas de son fils dans l’art qu’elle affectionne comme on rit d’une bonne plaisanterie. Ensuite vient l’oncle de Costia, vieillard souple qui laisse croire qu’il a toute sa tête jusqu’à ce qu’il nous en démontre le contraire. Il y a aussi Macha, amoureuse éperdue à sens unique de Costia. Étant au point de sombrer dans la déchéance, elle finira par se marier de désespoir avec une cellule sur deux pattes. On retrouve aussi le docteur de la place. Célibataire de cinquante-cinq ans, il court les jupons mais vit toujours seul. Il y a ensuite la mère et le père de Macha qui sont au service de la famille de Costia. Elle, est une amoureuse secrète du docteur, lui, ne pense qu’à sa ferme et à ses chevaux. Trigorine, écrivain reconnu pour ses livres dits « gentils », ne se plait point dans sa célébrité et affiche un air résigné. Sous l’emprise de la mère de Costia, il ne contrôle pas sa destiné et cherche plutôt le refuge dans ses pensées. Costia le voit comme un rival, rival de métier et rival de l’amour de sa mère. Finalement, il y a Nina, celle dont Costia est amoureux, celle qu’il a choisit pour interpréter le rôle principal dans son spectacle. Nina hésite à devenir actrice mais le succès et la popularité sont une tentation à laquelle elle ne pourra résister. Nina va briser le cœur de Costia menant ce dernier à un point de non-retour.

 

L’un après l’autre, parfois tous en même temps, tous ces personnages prendront une place prépondérante sur la scène pendant de longues minutes afin que nous apprenions à mieux les connaître. Certains personnages semblent forcés et abstraits, d’autres neutres et quelques uns très convaincants. Parce que chacun des onze personnages a son temps de scène, il y a des longueurs qui s’éternisent à nous endormir. Des dialogues dont on ne comprend pas la portée, des moments qui sentent le superflus, bref, interminablement long, surtout en deuxième partie.

 

Je n’ai jamais lu Tchekov donc je ne peux dire si cette pièce est réaliste ou bien adaptée mais à mon goût, ça manque d’action et de profondeur dans le cas de certains acteurs. J’aurais cru à plus de va-et-vient compte tenu de la quantité de personnages mais j’ai été déçue. La pièce n’est pas foncièrement mauvaise malgré des décors plutôt sobres mais la longueur et la lenteur font que mis-à-part une connaissance approfondie des personnalités de l’entourage de Costia, on en sort en se demandant le bien fondé d’avoir mis trois heures pour se rendre à la morale : Je suis une mouette, non ce n’est pas ça… je suis une actrice !

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Une Réponse »

  1. Yves Desgagné ne mettrait en scène que du Tchekov s’il le pouvait. Néanmoins, avec la troupe ingénieusement nommée Tchekov, il aura mené Oncle Vania et La Mouette à terme. Dans cette dernière, l’oiseau blanc se voit empaillé sur une scène remplie de talents. Les répliques culminent en un point qui sent l’aboutissement, mais la volaille ne prend pas plein ciel; elle vole bas et se pose au sol. Tout ce qui monte doit redescendre.

    La Mouette, c’est parfois drôle, parfois prenant… mais toujours trop long. Chaque scène s’éternise au profit de dialogues qui s’évanouissent en une conclusion beaucoup moins conséquente que celle que le spectateur appréhendait.

    La Mouette, c’est parfois drôle, parfois prenant… mais toujours empreint de petites vérités qui font hocher la tête, comme pour donner raison aux comédiens qui la font vivre. Et c’est le côté humain qui prend du galon. Malheureusement, un ton un peu trop classique pour la forme vient déshumaniser l’ensemble au bilan.

    Même du balcon, Nina (Catherine Trudeau) resplendit dans ses robes bleues aux teintes vertes. Henri Chassé, qui interprète un Trigorine essoufflé par son style d’écriture tombe sous son charme. Qui ne l’aurait pas fait ? Et cet esprit tourmenté de Constantin ne vit que pour elle. La mouette… non l’actrice! Un envoûtement plane sur la scène. Les personnages s’entremêlent et se renvoient la balle, tous et chacun épris d’une profonde déception amoureuse. Chaque personnage cherche tristement la flamme des vieux jours ou celle des prochains. Il s’agit d’une quête gourmande qui monopolise l’esprit des protagonistes. Au fond, c’est peut-être ça le message : chaque mouette se bat pour sa frite, afin de mieux s’envoler, nerveusement, dans l’espérance de s’empiffrer le lendemain… toujours au même endroit.

    Une mention spéciale à Maude Guérin, flamboyante et sincère, à Michel Dumon, expérimenté et juste et à Catherine Trudeau, la jeune « invincible » à l’avenir garanti.

    Yves Desgagné n’a pas de complexe à avoir par rapport à sa mise en scène. Il a su faire du joli en restant sobre, au gré d’une Russie déprimante. Les comédiens peuvent marcher la tête haute eux aussi. Il y en a bien un ou deux qui étaient plus artificiels, mais inutile de les nommer. Pourquoi faire du tort à des gens qui s’amusent sur les planches ?

    Je ne me suis pas levé debout à la fin. Peut-être la fatigue. Pourtant, rien ne m’a réellement déplu. Mais rien ne m’a officiellement ébahi. Qui blâmer ? Peut-être Tchekov!

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