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ÉditorialPuisqu'il y a des choses qui doivent être dites, aussi bien les dire avec une verve franche et directe. Des sujets chauds, traités vivement sans trop de fioritures.

Jeune et con

Par • 21 juin 2007 à 0:00

La guerre des générations est bel et bien terminée ; elle opposa la génération de mes parents (les baby-boomers) à celle de mes grands-parents (les séniors). Les gens de la génération, ceux de ma gang donc (nés entre 1966 et 1981), on les as appelés la génération X ; ceux d’après (1982-1997), toujours avec le même esprit créatif, font partie de la génération Y. Et comme en algèbre, pour savoir ce que ça donne X et Y, il faut leur donner une valeur. Sans vouloir chier sur les générations précédentes, toujours en plein contrôle de la civilisation occidentale, c’est exactement ce qui est arrivé à cause de vous.

 

Je m’explique : les séniors, quand ils sont venus à maturité, ont bâti des assises à leur image. Les baby-boomers, quand ils sont arrivés à maturité à leur tour, ont rêvé de chambouler cet état des choses puis, quand ils se sont dit qu’il serait temps de faire la passe (le dégrisement s’est passé grosso modo en 1973), ils ont pigé dans le tas, ils ont créé de nouvelles barrières, ils se sont rangés et ont eux aussi eu des enfants. Chacune de ces générations et celles avant elles ont eu leurs combats, leurs principes. Pas nous, pas non plus nos petits frères et petites soeurs. Pas de Viêtnam, pas de hippies, pas de guerre mondiale, pas de méchante menace communiste, pas de libération sexuelle à accomplir, presque plus de souveraineté, pas de British Invasion, pas de décolonisation, pas de fascisme, pas de religion, pas de bombes nucléaires, pas de Grande Dépression. C’est pas qu’on souhaite avoir tout ça, au contraire. Mais les grands enjeux sont disparus, ou plutôt ceux d’avant s’attardent ; alors on se rabat sur l’Irak, sur Bush, sur Charest, sur Poutine, sur l’environnement, sur Internet.

 

Le monde culturel des années 2000 n’est que nostalgie ; après les années 60 et 70, les années 80 sont à la mode, et bientôt ce sera la suivante. On regarde rarement en avant. Y a-t-il vraiment une baisse de sujets passionnants, ou est-ce parce que la majorité de notre population vieillissante se complaît à regarder sentimentalement en arrière, quand c’était le « bon vieux temps » ? En y regardant bien, les structures de la société québécoise (la culture d’avant-plan, les ministères, la politique, les syndicats, etc.) ont conservé leur forme de 1975, avec de mineurs changements. N’importe quel artiste ou groupe musical peut espérer faire un come-back, pourvu qu’il ait eu au moins un hit entre 1960 et 1995. Je prédis d’ailleurs un retour fulgurant de Francis Martin, alias James K. Field, d’ici quelques mois. Après tout, même ce minable de Stef Carse a eu droit à une seconde dose d’attention récemment. Pendant ce temps, on renie les nouveaux artistes, on les marginalise alors qu’ils remportent parfois un succès fou chez les jeunes.

 

Est-ce qu’on pourrait connaître la suite, siouplait ? Reconnaître par exemple que les jeunes font pas juste se planter en char sur nos routes, qu’ils sont obligés de jouer selon des règles qui ne sont pas les leurs. On ne cesse de souligner leur manque d’intérêt pour les études (belle réforme scolaire, le PLQ, en passant), la politique, la famille, sans jamais se demander ce qui provoque cet état des choses. Les plus vieux, en oubliant qu’ils ont déjà été jeunes (comme tout le monde avant eux), se complaisent dans les acquis, officiels ou non, qu’ils se sont eux-mêmes accordés. Tout ce qu’ils se disent, c’est que les jeunes sont jeunes et cons, et qu’ils finiront bien par se trouver une place dans le moule comme eux auparavant.

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5 Réponses »

  1. Je me sens moi-même désabusée quand mes parents me disent que ma génération est « mollasse ». Ça sert à quoi de me battre si on me considère encore jeune à 27 ans? J’ai aucun crédit et on me dit même par mes employeurs que je ne peux pas attendre le premier échelon salarial de mon poste parce que je gagne déjà assez d’argent pour mon âge! Cette réplique est le reflet de ce que tous nos baby boomers (soit-dit en passant, tout notre gouvernement) pensent des générations après la leur. Moi qui fait partie des battantes, de celles qui travaillent pour gagner leurs galons, je suis la première à remarquer que la génération Y et même la X est paresseuse et ne travaille que pour être plus riche. Mais qui nous a mis ces idées dans la tête???

  2. « Puisqu’on est jeune et con
    Puisqu’ils sont vieux et fous
    Puisque des hommes crèvent sous les ponts
    Mais ce monde s’en fout
    Puisqu’on est que des pions
    Content d’être à genoux
    Puisque je sais qu’un jour nous gagnerons a devenir fous »

    Je suis certain que le titre de ta chronique n’est pas le fruit du hasard voilà pourquoi je mets quelques lignes de (l’excellente) chanson du même nom interprétée par Saez et qui résume fort bien à mon avis l’état actuel de nos générations algèbre (X & Y) Ils (voir nous) sont déabusés, en quête de sens, de sensations fortes, de plaisir; ils veulent changer sans trop savoir quoi faire. On fait de notre mieux sans trop voir où on s’en va. On rejette le vieux modèle, on retourne le chercher quelques années plus tard… On nage en plein néant quant à moi.

    « Où aller? Allez viens on va y aller, où il y a un lendemain, allez viens! »

    Serrons nous les coudes, travaillons ENSEMBLE parce que l’individualité nous tue et peut être aurons-nous envie de voir le soleil se lever demain matin.

    Excellent texte Jo! Merci pour cette réflexion brutalement lucide!

  3. À Amélie : comme tu dis, la « mollassitude » de notre génération n’est pas à mettre au complet sur le compte de la génération précédente ; ce serait trop facile, et de mauvaise foi. Cependant, après des générations entières de privations et de retenue, avouons que nos parents ne se sont pas privés de rien…

    À Dom : t’as parfaitement raison, je faisais allusion à la chanson de Saez. J’aurais pu appeler mon texte « Dégénérations » mais je déteste cette merde. Merci pour ton commentaire, chummy 🙂

  4. Non, ils ne se sont pas privés de rien nos parents, mais ils nous forcent à faire du recyclage alors qu’ils y arrivent même pas. Et je parle pas juste du petit bac vert…

  5. Ah c’est babyboomer qui ont sois disant tout réinventé! LOL avec des dette pour les 3 générations a venir,c’est fameux ingénieurs qui ont fait des ponts qui tombe,des trous dans les rue a n’en plus finir,des nouveaux développement d’habitation sans tenir compte des aqueduc qui n’en finissent plus de débordé! et vous savez quoi il se font construire des logements a prix modique juste après qu’ils est vendu leurs propriété en camouflant leurs gain!
    alors le fond des générations ce n’est que de la poudre au yeux pour nous faire taire!
    le truc! tout les hopitaux devrais être tous payant selon ton revenue,les logements sociaux réajusté a la valeur marchande immobilière,les autoroute tous payant,et ceux qui vont vivre plus de 1 mois dans un autre pays alors leurs pension coupé jusqu’au retour et ainsi il ne pourait pas fuir! alors cela c’est un vrai fond des générations pour les génération avenir,vos enfants!

    Ils faut leurs tenir tête et Arrêté d’être molasse et voté en conséquence pour un partit de droite visionnaire et pas hypocrite!

    ps: nous sommes encore assez jeune pour prendre les transports en commun et marché.

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