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ÉditorialPuisqu'il y a des choses qui doivent être dites, aussi bien les dire avec une verve franche et directe. Des sujets chauds, traités vivement sans trop de fioritures.

Génération pogne-cul

Par • 20 septembre 2007 à 0:00

Vous l’avez sûrement remarqué, de façon générale on dit que les jeunes travaillent moins fort, sont plus fainéants que leurs parents, et beaucoup plus que leurs grands-parents. Demandez à n’importe qui ou presque, on vous le donnera en mille : les jeunes, ça vaut pas Fernand à la tréfileuse numéro 7, et ça vaut pas Huguette à la réception. Et la plupart du temps, avouons-le, c’est vrai : les jeunes d’aujourd’hui, la génération de ceux qui sont nés après 1975, on est prêts à faire moins d’heures de travail et gagner moins d’argent. On veut pas qu’on touche à nos vacances. Nos fins de semaine sont sacrées. Et si on me demande de faire du temps supp, allez vous faire foutre. On est pas tous comme ça, il y a de vrais travaillants de 30 ans et moins, mais la tendance est quand même au relâchement.

 

Dieu bénisse notre génération !! Peut-être certains d’entre-vous perçoivent ce « laisser-aller » comme étant les premiers signes de notre lente et inexorable route vers la décadence en tant que civilisation, mais moi je dis : bravo. Sans jeux de mots, les jeunes (et de plus en plus de leurs aînés) refusent de s’écraser. La permanence en début d’emploi, ça n’existe plus. Les femmes au foyer se font rares. La concurrence mondiale est féroce. Et au lieu de réagir en faisant 60 heures par semaine sans poser de questions, on continue à donner de plus en plus la priorité à la famille.

 

Ça semble ironique, mais ça prend du courage de tout faire pour être un parent présent. C’est plutôt facile d’être un mari ou une épouse à temps partiel, un père ou une mère dont le principal allié dans l’éducation est la télé, un ami ou une amie occasionnels. On peut tout régler en disant quelque chose comme « l’argent ça pousse pas dans les arbres », « papa est occupé », « je peux pas te parler, je suis encore au travail ». Plein de petites phrases magiques qui justifient le stress, les sautes d’humeur, l’impatience, les absences allongées ou répétées, les abandons, les crises, même une certaine détérioration de notre santé. Je suis heureux de voir que dans plusieurs cas, ma génération et la suivante ont refusé d’hypothéquer leur propre avenir et celui des générations qui suivront. Parce que je sais pas pour vous, mais je crains bien davantage une génération laissée à elle-même parce que la précédente était « trop occupée » à engranger le cash, que la terrifiante économie taïwanaise.

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5 Réponses »

  1. Tout d’abord, très bel en tête ! C’est vraiment « class » ! Ensuite, je veux réagir à ce poignant témoignage de mon cher collègue Jonathan. En fait, j’ai tendance à dire que ce n’est pas ma génération qui travaille moins fort mais celle juste après moi, celle de mon frère, la génération des années 1983-1984. Je ne pense pas que nous soyons vraiment prêts à gagner moins d’argent, je te dirais plutôt que c’est le contraire, mais le problème, c’est que ces jeunes-là veulent être directeurs et gagner 50 000$ en sortant de l’école sans avoir jamais eu de job d’été parce que leurs parents les ont pas laissé travailler afin qu’ils soit dorlotés. Ces parents qui ne voulaient pas répéter les actions des leurs. La génération des jeunes de 83-84 ont eu des parents/amis, il veulent que le monde leur appartienne mais ils ne sont pas prêt à se lever leur derrière de devant leurs écrans plasma !

    Par contre, je suis d’accord avec le fait que faire des 60 heures semaines sans rien dire, c’est pas bon pour personne et tout le monde devrait réagir à ça. Il est vrai que nos patrons, de l’âge de nos parents, trouvent que nous manquons de « motivation » quand nous ne sommes pas prêt à suivre leur traces et à marcher dans la même merde qu’eux. Bien sûr que le gouvernement en place a de la misère à organiser les programmes parentaux pour avantager le fait que les jeunes parents restent à la maison pour élever leurs enfants hors du stress du travail, c’est normal, on se fait répéter à tour de bras : « Vous êtes chanceux, nous on avait pas ça dans le temps, arrêter de chialer pis manger les miettes qu’on vous donne! ». C’est certain que tout le monde va s’insurger contre ça !

    Maintenant, avec tout ça, il faudrait encore une fois trouver le juste milieu. Tu m’as déjà dit, cher Jonathan, que tu avais foi en les humains et que le meilleur temps pour vivre c’est aujourd’hui et l’année prochaine, quand on sera rendu là. Ton idée est pas folle car même si on bénéficie des mauvaises choses que les autres nous ont léguées, on réussi souvent à en tirer le meilleur parti parce qu’on est plus intelligents qu’eux! 😀

  2. @Amélie : 83-84? Tu as la génération précise! De mon côté, je vois ça plus large, comme dans le texte. Je crois que cette tendance s’applique aux « jeunes travailleurs d’aujourd’hui », tout simplement.

    @Jonathan : Ton hommage aux gens qui travaillent moins (par choix) me touche. J’ai moi-même peur de me prendre dans l’engrenage sournois du travail et de m’aigrir au fil du temps. Je n’ai pas envie de me réveiller à 40 ans avec un gros compte en banque et une petite vie de merde.

  3. Pierre-Luc, tu pourras peut-être avoir une petite vie, mais il y a longtemps que j’ai abandonné l’idée du gros compte en banque! Pas parce que l’idée ne me plait pas mais simplement parce que ça sera de moins en moins évident de survivre dans cette jungle et d’essayer de faire plus d’argent!

    Et pour ce qui est de la génération précise, je précise que j’ai le sentiment qu’à partir de ces années là, j’ai le sentiment de me retrouver devant ces jeunes qui veulent tout avoir sans rien donner en retour ! J’en passe des entrevues dans une années et des gens de mon âge qui sont prêts à s’investir ne serait-ce qu’un peu pour avancer dans la vie, y’en a pas, ou 1 par an!!

  4. C’est vrai que toi Amélie, tu vois ça firsthand quand ya des jeunes qui viennent te voir pour des emplois. Et il y a une immense différence entre la paresse et la rationnalité quant à bien balancer le travail et tout le reste. Mais tu parles de jeunes qui entrent dans la vingtaine. Ils n’ont peut-être pas travaillé autant que nous ou nos grands frères / grandes soeurs, mais il y a aussi une question de maturité. Si à 20 ans j’aurais pu voir l’avenir et m’observer en train de travailler maintenant (du moins certaines journées), je crois que j’aurais fait de l’hyper-ventilation. Pourtant, pour le salaire que je fais, je me trouve plutôt confortable maintenant. Tout est une question de perceptions, et je crois que la grande majorité de ces jeunes, quand ils auront le choix entre un appart merdique et une job à 10 heures semaines, ou bien un endroit convenable et douillet avec le travail pour se le payer, ils verront que ça vaut la peine (et la paye) de se grouiller le bake.

    Mais quand je vois nos parents, nos oncles et nos tantes se tuer petit feu pour leur hypothèque, leurs REER et leur maison à deux cent milles, je dis non. On est beaucoup à dire non, et je trouve ça cool de même.

  5. Vivre maintenant comme PL le dit, je suis en complet accord avec ça. Oui je sais qu’on doit se préparer pour la vieilliesse mais je retarde le processus pour vivre confortablement aujourd’hui. J’ai fait le choix de ne pas avoir de condo à 26 ans et d’enfants à 29 ans LOL. Mais je veux être heureux c’est tout et je crois fermement que je serais heureux seulement le jour où je serai le boss de ce que je fais! Dans tous les domaines!! Et je vais être gentil; je veux juste être boss enfin…

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