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Chronique classiques du cinéIl y a de ces films inoubliables. De grands réalisateurs au grand écran... du grand cinéma pour de grands moments!

Comment réussir dans la vie quand on est con et pleurnichard (1971)

Par • 2 mai 2011 à 9:24

Toujours incapable de pouvoir mettre en scène les sujets et les histoires qui l’intéressent, Michel Audiard est revenu à nouveau vers la comédie, le genre avec lequel il a connu tant de succès comme dialoguiste. Pour ce film, Audiard a cette fois-ci confié le rôle principal à un acteur faisant partie de ses amis proches et qui était jusque là cantonné dans des rôles de soutien: Jean Carmet.

Antoine Robineau est un marchand itinérant qui fait la tournée des bars de Paris pour vendre une immonde piquette fabriquée avec sa mère: le vermouth des intrépides. Pour convaincre ses clients à acheter son produit, Antoine exploite sa facilité à exciter la pitié et à attendrir les cafetiers en s’inventant des peines d’amour et en se lamentant sur son sort comme un pleurnichard.

Antoine est secrètement amoureux de Marie-Josée, une réceptionniste qui lui préfère son patron, directeur de l’hôtel où elle travaille, bien que celui-ci soit marié avec la propriétaire des lieux. Antoine se console avec une effeuilleuse, Jane, qui est la compagne de vie d’un de ses amis, Foisnard. Se rendant compte que ses méthodes pour vendre son vermouth peuvent fonctionner pour conquérir Marie-Josée, il fait la connaissance de la riche propriétaire de l’hôtel qu’il cherche à apitoyer pour être nommé directeur à la place de son mari, qu’Antoine a auparavant pris soin de jeter dans les bras de Jane. Le plan d’Antoine fonctionne au début, mais la suite des choses ne risque pas d’être aussi reluisante lorsque Foisnard s’en mêle.

Bien que le sujet et le titre du film laisse croire qu’il s’agit d’une comédie franchouillarde, ce long-métrage marque le retour en force de Michel Audiard après deux échecs publics consécutifs. Sa verve gouailleuse fonctionne plein pot dans cette histoire rigolote d’un mec petit, moche et peu intelligent qui cherche à emballer convenablement les jolies femmes.

Évidemment, le sujet livre sa part de plaisanteries facilement vulgaires et de retournements gratuits relevant plus du mécanisme théâtral que de la vraisemblance, mais l’on sent derrière ces artifices une tendresse sincère de l’auteur pour les perdants et les minus qui veulent sortir de leur triste situation.

Avec pour arrière-plan la banlieue grise de Paris avec ses quartiers de HLM délabrés, la mise en scène use à bon escient de décors réalistes à la manière des cinéastes de la Nouvelle Vague. L’intrigue, construite comme un vaudeville avec de nombreuses situations qui s’entrelacent, contient un assez bon nombre de répliques tordantes qui feront jubiler autant les fans d’Audiard que les spectateurs qui ne connaissent pas son travail.

On pourrait même dire, en paraphrasant une ligne de dialogue du film, que cette comédie est une sorte de synthèse de son œuvre et de ses préoccupations personnelles. Ce n’est pas du grand art ni du lyrisme pur, mais cela se boit comme un champagne des connaisseurs (à la différence de l’infect vermouth du film). Jean Carmet s’avère fort drôle au sein d’une très bonne distribution, incluant entre autres Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort dans des rôles truculents qui sont devenus leur marque de commerce par la suite.

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