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ÉditorialPuisqu'il y a des choses qui doivent être dites, aussi bien les dire avec une verve franche et directe. Des sujets chauds, traités vivement sans trop de fioritures.

Castration du pouvoir à Cuba

Par • 21 février 2008 à 10:04

Vous en avez peut-être entendu parler cette semaine, quoi que le sujet soit tellement passé en douce que la plupart des gens l’ont vite oublié : Fidel Castro, ce sénile semi-dictateur cubain, en poste suite à une révolution le 1er janvier 1959, ne briguera pas de nouveau mandat après quarante-neuf ans au pouvoir, dû à des problèmes évidents de santé. Autrement dit, lui seul a décidé de ne pas s’auto-renouveler, parce que quand même on se contera pas d’histoires les ti-zamis, la démocratie à Cuba c’est comme un gros monstre poilu vert et brun de cinq mètres de haut : quelqu’un peut bien l’écrire quelque part, mais ça n’existe pas vraiment pour autant. Toujours est-il qu’en agissant ainsi, Castro vient probablement d’annihiler toute tentative potentiellement réalisable de renverser à court terme le gouvernement communiste sur cette île du paradis.

 

Pas que ce soit nécessairement une mauvaise chose ; après tout, avant l’arrivée de notre ami Castro, le gouvernement de Fulgencio Batista avait complètement anéanti Cuba, qui était devenu le « terrain de jeu de l’Amérique », presqu’une extension de la longue péninsule floridienne, mais en plus perverti et en plus exploité. Évidemment, rajoutez un peu de propagande castriste douce pendant un demi-siècle, et vous avez tout de suite la réponse à votre sondage-maison : les Cubains ne veulent pas revenir à cette époque. Le factice blocus américain, mis en place après l’échec de l’affaire de la baie des Cochons en 1962 (cet événement même qui a failli causer carrément un conflit nucléaire avec l’Union Soviétique, grand protecteur du petit pays), cet acte de bouderie est un joug bien plus doux que la multiplication des casinos sur leur territoire. Les Cubains ont un système de santé réputé mondialement et une industrie touristique évidemment florissante.

 

Cependant, on pouvait quand même penser que « tous » les Cubains n’étaient / ne sont pas heureux dans cet état de fait. Il y a les boat people, ces gens échoués en Floride sur des embarcations de fortune après avoir fui l’île, pour nous le rappeler. Il y a une situation perpétuelle et généralisée de pauvreté dans le pays. Il y a plusieurs personnes, certains pauvres et non-éduqués et certains intellectuels aussi, des gens appuyés par l’Oncle Sam et d’autres non. Et avouons-le, le communisme, quoiqu’en disait cet autre barbu Karl Marx, père fondateur du principe ultra-socialiste, ne s’impose efficacement que par une vigoureuse dictature, une concentration extrême du pouvoir dans le plus petit groupe de gens possible. Donc, évidemment, ça crée des mécontents. Ces gens fâchés auraient eu leur chance ; en fait, ils l’attendaient impatiemment depuis des années, en attendant que ce vieux débris de Castro décline mentalement et physiquement. Mais voilà, notre grisonnant monsieur à la casquette brune étoilée et à l’éternel cigare n’a pas été foudroyé par une crise d’angine, ni assassiné par une faction résistante, ni non plus terrassé par une rupture d’anévrisme. Bref, rien pour prendre au dépourvu les autorités, donner les 24 à 48 heures nécessaires à la contre-révolution pour se mettre en marche et espérer changer la donne après cinquante ans. Non, vivà Fidel a pris le temps d’être malade un an ou deux, passe tranquillement le pouvoir à son frérot Raul à l’heure où on se parle, et l’assurance de la survie de son régime après son trépas est presque assuré, parce que le tout s’est fait en douceur. Comme d’ailleurs l’annonce de son retrait de la politique, lui qui pourtant a été depuis le début un caillou dans la botte américaine, lui qui a survécu à la vague déferlante de la disparition presque complète du communisme au début des années 90. Surprenant.

 

Je crois que ce qui fait le plus mal aux Américains ces temps-ci (car eux doivent sans doute être dans le camp des déçus), c’est que Cuba semble plus que jamais « pas tuable ». Ça vient de repartir pour un tour ; après tout Raul est plutôt fringant pour son âge, ils en ont encore pour quelques années à maintenir une sorte de blocus de principe, et poreux au possible. Mais surtout, ça prouve que le système démocratique n’est pas le seul système politique qui peut se maintenir contre vents et marées. Et ça, c’est vraiment choquant.

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3 Réponses »

  1. Si j’ai oublié la passation de pouvoir de Fidel ? Oh que non : ça fait deux ans que je l’ai dans mon pool, peut-être que cette année c’est la bonne 😛

  2. Ben c’est fait mon gars ! D’ici la fin de 2008, y va y avoir un Castro au pouvoir à Cuba, mais pas Fidel ! Vivà la revolucion !

  3. Et si Fidel meurt en 2008, je fais 14 points !

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