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Captain America – Quand l’étoile symbolique américaine est un suppositoire à cinq branches

Par • 9 mai 2008 à 12:55

La récente sortie de nombreux films adaptés des histoires de super-héros de l’écurie Marvel Comics m’a rappelé ce navet produit par la « 21st CENTURY FILM CORPORATION ». Après un serial de 15 épisodes servant de propagande dans les années 40, un petit film amateur de Don Bluth et deux films pour la télévision vers la fin des années 70 (figurant au générique la plantureuse Lana Wood), voilà que le célèbre Capitaine America a refait surface sur les écrans (par pour longtemps!) en 1992 grâce au champion du film patriotique à petit budget par excellence (il n’y a qu’à regarder les trucages du SUPERMAN 4 qu’il a produit): Menahem Golan, ancien producteur de la compagnie « CANNON GROUP INC. » reconnue pour nous avoir donné la célèbre trilogie « MISSING IN ACTION » mettant en vedette Chuck Norris. Une rumeur récente veut que toutes les copies VHS de ce « CAPTAIN AMERICA » (et il y en avait très peu!) ont été récupérée et saisie par le distributeur, gêné par le résultat final du produit (ils sont maintenant diffusées dans les asiles d’aliénés comme traitement de choc aux patients!). Aujourd’hui, il rejoue une fois par an sur la chaîne numérique DRIVE-IN CLASSICS, question de faire rire un nouveau groupe de téléspectateurs à chaque année… Où à les faire changer de chaîne.

 

Le point de départ est assez fidèle au comic book: Pendant la deuxième guerre mondiale, une scientifque allemande ayant fuit en Amérique a mis au point un produit pouvant guérir les carences physiques et même accroître la masse musculaire des personnes ayant une faible constitution physique. Bref, un produit utile pour fournir des soldats courageux qui n’ont hélas pas les aptitudes physiques pour aller à la guerre. Steve Rogers, d’une brave famille de bons américains patriotiques biens blancs de couleur, est choisi comme premier cobaye humain pour tester ce produit, et cela fonctionne (Dernière nouvelle: Steve Rogers a révélé récemment que ce produit était aussi bon que le Viagra, mais cela provoque des éjaculations précoces comme effets secondaires!). Un espion nazi abat alors la scientifique, qui emporte ainsi le secret de sa formule dans la tombe (imaginez un peu si la formule était tombée entre les mains de Tom Cruise! J’en frémis!). Devenu plus rapide et plus puissant que quiconque, Steve Rogers se colle le drapeau américain sur le corps, se pare d’un bouclier étoilé (pas encore anti-missiles) et devient le Capitaine América, de quoi intimider les nazis ou leur susciter le fou rire.

 

Mais un redoutable ennemi, le Crâne Rouge, un grec qui a subi lui aussi des expériences, mais chez les Nazis (avec la gueule qu’il a, pourquoi ne s’est-il pas retourné contre eux? Ce serait plus logique), lui tend un piège qui le congèlera pendant plus de 40 ans. Mis en état d’hibernation, le Capitaine attend le dégel pour refaire surface dans un monde qui a changé, mais où son vieil ennemi, le Crâne Rouge est toujours actif. Après avoir repris contact avec sa famille (mélo!) et échappé à des tueurs, Steve Rogers alias Capitaine America (police du monde avant l’heure!…) va en Europe lutter contre le Crâne Rouge (alias Tadzio De Santis) qui veut kidnapper le président des États-Unis (avec la complicité et la bénédiction de Michael Moore!). Or, le Capitaine America était justement le héros de jeunesse du président et son inspiration pour monter dans l’échelon sociale.

 

Voilà un film qui réunit tous les ingrédients de fabrication d’un nanar 101. L’un des maîtres-étalons de la ringardise. Une quintessence dans le ridicule. Peut-être le mont Everest de la débilité. Si au Québec, Mediafilm a la cote 7 pour un film minable, il faudrait inventer une cote 10 pour celui-là. On y retrouve toutes les erreurs possibles: montage déficient, photographie aberrante (et beaucoup trop sombre parfois), musique nulle, réalisation amorphe jusque dans les scènes d’action. Le metteur en scène Albert Pyun a d’ailleurs révélé avoir choisi Matt Salinger pour jouer le héros pour son côté rétro du genre Gary Cooper, à se demander quel hallucinogène il consomme pour imaginer une telle chose et pour réaliser d’autres séries B et Z archi-délirantes (si vous connaissez l’hallucinogène, me le faire savoir sur ce site je vous prie!). Et cela ne fait qu’empirer dès que l’on voit le look du Crâne Rouge, dont la conception dans la B.D. se rapprochait de la science-fiction, mais qui est présenté ici comme un vulgaire gangster sicilien pratiquant les arts martiaux en finale.

 

Le résultat final est évidemment extrêmement marrant ou décevant selon les opinions. Certes, il y a bien la jeune Francesca Neri dans le rôle de la fille du Crâne Rouge, mignonne à souhait, agréable à regarder, et qui allait jouer de meilleurs rôles par la suite. C’est bien peu cependant à se mettre sous la dent. Il paraît que ce film détient un record peu enviable d’erreurs flagrantes à l’écran (promenez-vous sur le net pour les identifier puis amusez-vous à les trouver en regardant le film). Cela ne me surprend pas du tout. En conclusion, amusez-vous bien, rigolez un bon coup et profitez-en au maximum dès vous aurez le film sous la main avant que Matt Damon ou Josh Hartnett n’incarne le super-héros dans un film à gros budget.

 

Attention: le Delirium Tremens ou la danse de St-Guy peut vous saisir à tout moment lors du visionnement dû à des éclats de rire inarticulés ou à une colère monstre vous donnant envie de détruire votre cinéma-maison. Vous comprendrez que je ne donne pas d’étoiles à ce métrage, car il en possède déjà une bien symbolique sur le bouclier du héros faisant l’effet d’un suppositoire à cinq branches.

 

(Pas d’étoiles)

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