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Chronique classiques du cinéIl y a de ces films inoubliables. De grands réalisateurs au grand écran... du grand cinéma pour de grands moments!

A Clockwork Orange : un Gene Kelly nouveau genre (1971)

Par • 27 juillet 2007 à 0:00

Stanley Kubrick nous a offert de nombreux chefs-d’œuvre. En fait, employer les mots « Stanley Kubrick » et « chef-d’œuvre » dans une même phrase relève presque du pléonasme. Que ce soit 2001 : A Space Odyssey, The Shining ou Full Metal Jacket, les films de ce perfectionniste chevronné ont transformé l’art cinématographique à jamais. Pour cette chronique, j’ai opté pour A Clockwork Orange, une œuvre controversée qui, à mon sens, est représentative du style unique de Kubrick.

 

A Clockwork Orange raconte l’histoire d’Alex DeLarge (Malcolm McDowell), un jeune homme à la tête d’un petit groupe de criminels s’amusant à tabasser des mendiants, à cambrioler des maisons, à violer des femmes… Tout bascule pour Alex lorsqu’un cambriolage tourne mal et que ses amis, ses droogs, le trahissent et l’abandonnent à la police. Alex est donc envoyé en prison où il participe à une thérapie expérimentale visant à éradiquer son comportement violent et obsédé sexuel. À sa sortie de prison, Alex est incapable de faire appel à la violence, si bien qu’il se retrouve sans défense vis-à-vis des gens qui l’entourent.

 

Le visionnement d’un film de Kubrick est une expérience particulière dont on ne sort pas indifférent. A Clockwork Orange n’y fait pas exception. Ce film, extrêmement violent et réaliste notamment lors des scènes de viol, a été retiré des salles de cinéma, car Kubrick craignait que les jeunes voient en son film une apologie de la violence. La fameuse scène où Alex frappe le vieil écrivain en chantonnant « Singin’ in the rain » à la manière de Gene Kelly est un exemple de gestes pouvant être imités par une jeunesse trop influençable. À première vue, il est possible de considérer cette œuvre comme un éloge de la violence, mais il ne faut évidemment pas la comprendre au premier degré. A Clockwork Orange constitue une critique de l’absence du libre arbitre, de même qu’une charge contre les sociétés totalitaires de type nazi ou Big Brother. Le questionnement moral développé tout au long du film reste encore pertinent de nos jours.

 

Par ailleurs, A Clockwork Orange est un film de son époque. Kubrick s’attaque au behaviorisme du psychologue B.F. Skinner et à ses travaux publiés dans les années 1960. La thérapie du Dr Ludovico est, dans le film, une thérapie behavioriste qui consiste à associer un sentiment de nausée à des actes de violence et de sexualité. Cette expérience, dans laquelle on voit Alex cloué à une chaise, les yeux grands ouverts devant un large écran de cinéma, est devenue une image classique. C’est aussi durant ces séances de torture que l’on fait jouer la neuvième symphonie de Beethoven, la pièce favorite du héros. L’emploi d’une telle symphonie classique est audacieux, mais Kubrick a l’habitude d’utiliser une musique à l’avant-plan de ses films. Loin d’être une simple trame de fond, la musique chez Kubrick fait partie de l’œuvre au même titre que l’action, les plans de caméra originaux, les dialogues ou les décors parsemés de symboles. A Clockwork Orange est donc, pour toutes ces raisons et bien d’autres, un film qui, après chaque visionnement, laisse une drôle de sensation au spectateur qui se demande si ce qu’il vient de vivre est réellement arrivé.

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Une Réponse »

  1. Un film coup-de-poing, pas accessible à tous. Violent, déroutant, abrutissant, déprimant. Mais quelle oeuvre d’art de Kubrick.

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