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ÉditorialPuisqu'il y a des choses qui doivent être dites, aussi bien les dire avec une verve franche et directe. Des sujets chauds, traités vivement sans trop de fioritures.

Brûlez cette sorcière!

Par • 13 septembre 2007 à 0:00

Avez-vous déjà vu « Monty Python and the Holy Grail » ? Un classique de 1975… Bon. Peu importe. Une des scènes du film est particulièrement hilarante : quelques paysans, visiblement sales, incultes et stupides, mènent une jolie femme au bûcher avec force cris de joie. On demande haut et fort qu’on brûle la sorcière. Une espèce de chevalier les arrête, essayant un moment de les raisonner en leur demandant ce qui fait d’elle une sorcière. Personne n’est capable de répondre, mais dans le fond on s’en fout : brûlons la sorcière !! Brûlons la sorcière !! Et bien évidemment, les Monty Python n’ayant peur de rien montrer, on crame tranquillement la sorcière dans la scène suivante.

Critique des Âges Stupides qui s’étendirent pendant des centaines d’années au Moyen Âge et même au-delà ? Sans aucun doute… Pour un oui ou pour un non, on rendait certaines femmes noires comme du charbon et croustillantes à souhait à Salem aux États-Unis au dix-septième siècle, et en bien d’autres endroits du monde également. Aujourd’hui, les sorcières ont changé : ce sont maintenant des hommes, et on ne les tue plus, non non, on fait du cas par cas. On en méprise certains, on détruit la carrière et/ou la vie de certains autres. Vous ne voyez pas de quoi je parle ? J’y arrive…

L’autre jour, je suis allé à l’épicerie. J’ai vu une mignonne petite fille dans une allée ; son jeune père, quelques mètres plus loin, remplissait son panier de moules à gâteaux et de savon Jergens (non, pas vraiment, mais je me souviens plus vraiment et c’est pas important…). Bref, j’ai fait mon plus beau des sourires à la jeune fille, d’environ 9-10 ans ; réaction plus que froide. Mais son père me réservait le réel comité d’accueil : j’aurais pu être le kidnappeur de Cédrika Provencher en personne que son regard n’aurait pas été plus inquisiteur, plus agressif. Il m’a suivi du regard, il aurait presque suivi mes pas s’il n’avait pas eu toutes ces bouteilles de ketchup dans les mains (non, pas vraiment, mais le fait est qu’il ne m’a pas suivi finalement). J’ai tout de suite compris quels mots se formaient rapidement, mais clairement dans son esprit : cet homme a souri à ma fille !! PÉDOPHILE !! Il n’a rien pris dans l’allée, ma fille ne faisait rien de spécial pour lui valoir ce sourire, oui, aucun doute cet homme aime FOUTRE SA GRAINE DANS DES ENFANTS !!

Oui je l’avoue, j’aime les enfants, que dis-je, j’adore les enfants. À chaque fois que j’en vois, à moins qu’il soit laid comme un défiguré ou qu’il pique une méga crise au Zellers, je souris aux enfants. Cette innocence, cette nonchalance. J’ai même un filleul de cinq ans, un petit blond super gentil. Et vous savez quoi ? Vous n’en reviendrez pas. Je lui DONNE DES TI BECS SUR LES JOUES !! OUI ! Voilà ça sort. Quand il m’attendrit particulièrement, alors que je ne l’ai pas vu depuis quatre mois environ, je le prends et JE LE SERRE DANS MES BRAS !! Ça se peut tu, arrêtez-moi quelqu’un avant que je finisse par en violer un.

Il y a tellement eu de cas de prêtres pédophiles et d’hommes apparemment irréprochables qui étaient en fin de compte des monstres pervers ces dernières années qu’on en est venus à être paranoïaques. On est en train de tuer l’amour, la méfiance étouffe tranquillement la vraie nature des gens. Oui, mais… on s’en fout, brûlons la sorcière ! On se dit que c’est mieux de couper les enfants de liens affectifs que l’on juge non nécessaires, pourvu qu’on les sauve des milliers de millions de prédateurs sexuels qui courent inlassablement nos rues. Vaut mieux les élever dans la méfiance d’autrui que de les retrouver possiblement agressés.Les parents, soyez francs : engageriez-vous un homme de mon âge, fin de la vingtaine, pour garder ne serait-ce qu’une heure votre fille de 6 ans ? D’accord, qu’un homme de cet âge s’offre pour garder votre petit trésor serait plutôt bizarre, mais vous saisissez l’idée. Parce que vous la laisseriez probablement aux soins d’une femme de mon âge.

Cette fillette que j’ai vue à l’épicerie, je suis sûr et certain qu’elle ne m’aurait même pas laissé lui parler. Ses parents, après avoir visionné le bulletin de nouvelles de fin de soirée, lui ont probablement dit, ainsi que des milliers d’autres, qu’il ne faut jamais parler aux étrangers, ne jamais s’en approcher, les éviter de façon générale. Dans mon jeune temps, et ne croyez pas que je commence à radoter, on nous apprenait à ne pas monter dans la voiture des inconnus. C’est tout. Rien d’autre. Ah oui, et on inspectait en 30 à 45 secondes mes bonbons d’Halloween. Je crois que c’est tout. Pourtant, peut-être est-ce parce que les bulletins télévisés en parlent davantage, mais on dirait qu’il y a encore plus d’enlèvements et d’agressions maintenant qu’il y a 20 ans.

On devrait peut-être arrêter de voir toute la gent masculine de notre société comme de fiers membres de la NAMBLA, qui n’attendent que le moment propice pour violer vos enfants. Parce qu’on apprenait autre chose aussi quand j’avais deux décennies de moins : que les gens, dans l’immense majorité des cas, sont gentils et parfaitement disposés à aider plutôt qu’à nuire. Et, aussi naïf que je puisse être encore aujourd’hui, je pense toujours que c’est la stricte vérité.

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6 Réponses »

  1. En gros, c’est la bonne vieille roue des préjugés conditionnés par la (triste) réalité. Mais je pense que c’est un réflexe de protection qui n’est pas à blâmer. S’il y a une vague de temps froids, on va avoir tendance à surveiller la météo avant de sortir et à s’habiller plus chaudement. De la même façon, s’il y a une vague de criminalité dans la ville (ou la province), les citoyens vont s’armer de méfiance. Il ne faut toutefois pas que ça devienne une psychose. Il y a une différence entre laisser jouer son enfant dans le quartier voisin sans surveillance et l’attacher après un poteau… Qu’on se parle!

  2. Je comprends ton point de vue Jonathan et c’est pas la première fois que j’en entends parler mais comme dirait Pierre-Luc, c’est une vague, et je pense que comme toute chose, on va finir par mettre ça de côté dans notre tête au profit (si on peut dire ça) d’un autre scandale!

  3. Est-ce que c’est la psychose Cédrika, vous voulez dire ? Je suis pas trop sûr, on dirait que la « mode » a quelques années, d’après moi…

  4. L’affaire avec Cédrika, c’est que son cas est massivement médiatisé. Je ne suis ni pour ni contre… Ça nourrit une certaine solidarité envers la famille de la jeune fille, mais ça entretient aussi la psychose qui, comme Jonathan le souligne, est déjà latente depuis quelques années. Il y a eu beaucoup de nouvelles de pédophiles et de réseaux de prostitutions et autres cochoneries en quelques années, et la pauvre Cédrika n’apporte évidemment aucun réconfort dans ce dossier.

  5. Je tiens juste à dire en passant que si c’est moi qui trouve le mec qui a enlevé cette petite, je le fesse pendant un bon quart d’heure avec une barre de plomb, et une fois qu’il sera bien ramolli j’appelle la police, pas avant. Vous, vous feriez quoi ? Mettriez-vous votre temps à profit vous aussi ?

  6. Tu es encore allé trop loin Jonathan. Il ne faut pas penser comme ça… C’est pas correct. Il faut prendre un bat de baseball et tu le sais!

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